Gastro-entérologie

Syndrome du l’intestin irritable : la diététique ferait mieux que les médicaments

Une nouvelle étude suggère qu’une modification du régime alimentaire pourrait être plus efficace que l’approche médicamenteuse.

  • vaaseenaa/istock
  • 21 Avr 2024
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    Le syndrome du côlon irritable est l'une des pathologies les plus courantes et les plus difficiles à traiter pour les gastro-entérologues. Ses symptômes comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées et de la constipation.

    Les scientifiques ne savent pas exactement ce qui cause le syndrome de l'intestin irritable, ou colopathie fonctionnelle, et cette pathologie est souvent difficile à gérer parce qu'il n'y a pas de traitement radical.

    Des conseils diététiques et des traitements médicamenteux sont généralement utilisé sans que l’on ait de données comparatives fiables. Les médicaments peuvent inclure des laxatifs et des antidiarrhéiques en vente libre, certains antidépresseurs, et d'autres médicaments sur ordonnance. Mais une nouvelle étude, publiée dans The Lancet Gastroenterology and Hepatology, offre des pistes sur l’importance de l’alimentation dans le soulagement des malades.

    Un premier essai comparatif entre diététique et médicaments

    Les études les plus solides disponibles sur les stratégies alimentaires ont montré que le fait de suivre un régime pauvre en FODMAP, qui implique d'éviter des aliments comme les produits à base de blé, les légumineuses, certains fruits à coque, certains édulcorants, la plupart des produits laitiers et de nombreux fruits et légumes, peut réduire les symptômes du syndrome de l'intestin irritable chez la plupart des gens, mais un régime pauvre en FODMAP est restrictif et difficile à suivre sur le long cours. Certaines études plaident également en faveur de modifications diététiques plus simples,

    Après avoir remarqué que certains de leurs patients étaient également soulagés par un régime pauvre en glucides, le Dr Nybacka et ses collègues ont décidé de mettre en place un essai pour comparer plusieurs options de traitement dont une approche diététique. L'étude, menée dans un hôpital suédois, a porté sur 241 femmes et 53 hommes souffrant d'une forme modérée à sévère du syndrome de l'intestin irritable. Les participants ont été randomisés dans l'un des trois groupes de traitement pour une durée de quatre semaines.

    Des groupes randomisés

    Dans le groupe « traitement médicamenteux », les chercheurs ont donné à chacun des participants l'un des huit médicaments contre le syndrome de l'intestin irritable en fonction de leurs principaux symptômes. Si leur principale plainte était la constipation, par exemple, les chercheurs leur ont donné un laxatif (sterculia), de même si leur principal symptôme était la diarrhée, ils leur ont donné un antidiarrhéique appelé lopéramide.

    Un deuxième groupe a reçu des produits d'épicerie et des recettes pour les aider à suivre un régime pauvre en FODMAP, comprenant des aliments comme le riz, les pommes de terre, le quinoa, le pain sans blé, les produits laitiers sans lactose, le poisson, les œufs, le poulet, le bœuf et divers fruits et légumes. Les patients ont également été encouragés à manger lentement, à avoir des petits repas réguliers et à limiter les autres aliments et boissons susceptibles de déclencher des symptômes.

    Le dernier groupe a reçu des produits d'épicerie et des recettes pour suivre un régime pauvre en glucides et riche en graisses, axé sur des aliments tels que le bœuf, le porc, le poulet, le poisson, les œufs, le fromage, le yaourt, les légumes, les noix et les baies.

    De meilleurs résultats avec l’approche diététique

    Au bout de quatre semaines, 76% des participants du groupe à faible teneur en FODMAP et 71% de ceux du groupe à faible teneur en glucides ont fait état d'une réduction significative de leurs symptômes du syndrome de l'intestin irritable ; 58% des participants du groupe sous traitement médicamenteux ont également fait état d'une amélioration significative. Parmi tous les participants qui ont constaté des améliorations, ceux du groupe « régime alimentaire » ont fait état d'un soulagement des symptômes beaucoup plus important que ceux du groupe « médicaments ».

    Après l’étude randomisée, qui a duré quatre semaines, certains participants ont continué à prendre les médicaments et à suivre les conseils diététiques. Au bout de six mois, les participants du groupe « régime alimentaire » avaient toujours moins de symptômes qu'au début de l'essai, même si la plupart d'entre eux ne suivaient pas le régime aussi rigoureusement. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs indiqué aux chercheurs qu'ils reviendraient à la version la plus stricte des régimes si leurs symptômes s'aggravaient

    Une étude randomisée qui donne des pistes de traitement

    L'étude a été bien menée et fournit des « données valides » à l'appui de ce que de nombreux médecins ont observé en vie réelle : le traitement diététique est au moins aussi bénéfique, et probablement meilleur, que l’approche médicamenteuse. Pour certains patients, une combinaison de régime alimentaire et de médicaments peut s'avérer plus efficace, mais cela n'a pas été testé dans le cadre de cette étude.

    Mais comme l'étude a été menée sur un groupe relativement restreint de personnes dans un seul centre médical en Suède, elle devra être reproduite sur des groupes plus importants et plus diversifiés. Chez les participants du groupe régime pauvre en glucides, l’inclusion dans l'essai a fait progresser légèrement leur taux de cholestérol sanguin, ce qui suggère une certaine prudence pour les personnes ayant un risque de maladie cardiaque. Par ailleurs, les régimes pauvres en glucides et en FODMAP peuvent être très restrictifs et ils doivent être encadrés par un médecin ou une diététicienne pour éviter les carences possibles.

     

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    JDF