Psychologie
Troubles mentaux : et si c’était à cause des modifications d'un seul gène ?
Pour la première fois, il a été démontré que les mutations du gène GRIN2A pouvaient provoquer le développer d’une maladie mentale, comme la schizophrénie.
- Par Geneviève Andrianaly
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Schizophrénie, dépression, anxiété… Jusqu’à présent, les preuves montraient que ces troubles mentaux résultaient de l'interaction de nombreux facteurs, notamment génétiques. Mais dans une récente étude, parue dans la revue Molecular Psychiatry, des scientifiques l'Institut de génétique humaine du Centre hospitalier universitaire de Leipzig (Allemagne) ont révélé le rôle joué par un seul gène dans le développement de ces maladies.
Dans le cadre de leurs travaux, ils sont partis d’un constat : "il a été récemment identifié que des variants rares du gène GRIN2A, codant pour la sous-unité GluN2A du récepteur N-méthyl-D-aspartate (NMDAR), confèrent un risque important de schizophrénie." Afin de déterminer la prévalence des troubles mentaux chez les personnes présentant des troubles liés à GRIN2A, qui joue un rôle central dans la régulation de l'excitabilité électrique des cellules nerveuses, l’équipe a analysé les données de 121 adultes porteurs d'une altération du gène GRIN2A. Ensuite, ils ont recherché la présence de symptômes psychiatriques chez ces patients.
"GRIN2A est le premier gène connu capable, à lui seul, de provoquer une maladie mentale"
Les auteurs ont constaté que "GRIN2A est le premier gène connu capable, à lui seul, de provoquer une maladie mentale." Dans le détail, les variants du gène étaient significativement associés à un large spectre de troubles mentaux, dont la schizophrénie. "Fait frappant, en présence d'une altération du gène GRIN2A, ces troubles apparaissent dès l'enfance ou l'adolescence, contrairement à leur manifestation plus typique à l'âge adulte", a expliqué Johannes Lemke, auteur principal des recherches.
Selon les résultats, certains participants porteurs d'une altération du gène GRIN2A, qui sont généralement associées à l'épilepsie ou la déficience intellectuelle, présentaient exclusivement des symptômes psychiatriques. "Dans 68 % des cas d'épilepsie et de troubles mentaux concomitants, les troubles mentaux débutent après la disparition de l'épilepsie, et l'âge de disparition de l'épilepsie est corrélé à l'apparition des troubles mentaux."
Une amélioration es symptômes psychiatriques après un traitement à base de L-sérine
Les chercheurs ont aussi observé que certaines mutations entraînait une diminution de l'activité du récepteur NMDA, une molécule clé de la transmission du signal dans le cerveau. "La L-sérine étant connue pour exercer des effets co-agonistes sur le récepteur NMDA, nous l'avons administrée à quatre volontaires présentant des troubles mentaux associés à la mutation GRIN2A, tous ont présenté une amélioration" de leurs symptômes psychiatriques.
Face à ces données, les scientifiques suggèrent d'envisager des tests génétiques dans le cadre du bilan des personnes atteintes afin d'améliorer le diagnostic et de proposer potentiellement un traitement personnalisé, car l'augmentation des concentrations cérébrales de co-agonistes sur le récepteur NMDAR semble être une approche de traitement de précision prometteuse ciblant avec succès la signalisation glutamatergique déficiente chez les personnes atteintes de troubles mentaux.








