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BPCO : le tabagisme passif dans l’enfance des pères impacte la santé de leurs enfants

Les enfants des pères ayant été exposés au tabagisme passif dans l'enfance ont un risque accru d’avoir des problèmes pulmonaires comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

  • Liudmila Chernetska/istock
  • 03 Septembre 2025
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    Messieurs, si vous avez grandi entourés de fumeurs, il n’y a pas que votre santé pulmonaire qui a été mise à risque… celle de vos enfants aussi. Des travaux, publiés dans la revue Thorax, montrent que l'exposition d'un père au tabagisme passif accroît le risque de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) de sa progéniture.

    Les méfaits du tabagisme passif se transmettent aux générations suivantes

    Afin de mieux comprendre l’impact du tabagisme passif des pères sur la santé pulmonaire des enfants, les chercheurs ont repris les données d’une étude longitudinale portant sur 8.022 enfants vivant en Tasmanie. Les parents ont répondu à une enquête sur la santé respiratoire de la famille et des tests ont été réalisés pour évaluer la fonction pulmonaire des jeunes participants. Des contrôles ont ensuite été effectués lorsque ces enfants avaient 13 et 18 ans puis 43, 50 et 53 ans par le biais d’une spirométrie. Les scientifiques ont relevé le volume expiratoire maximal seconde (VEMS). C’est-à-dire la quantité d'air expulsée durant la première seconde d'une expiration rapide et forcée, réalisée après une inspiration maximale. La capacité vitale forcée (CVF), soit le volume total d'air qu'une personne peut expirer de manière forcée après une inspiration profonde, a aussi été mesurée. Ces deux indicateurs peuvent indiquer des soucis de santé pulmonaire, et notamment une BPCO.

    En 2010, les parents encore en vie ont été à nouveau interrogés, surtout sur leur exposition au tabac entre avant 5 ans et jusqu’à l’âge de 15 ans. Grâce à l’ensemble de ces données, les chercheurs ont identifié 890 couples père-enfant dont l’exposition au tabac était connue et dont les enfants avaient été suivis jusqu'à l'âge de 53 ans.

    Les analyses ont montré que l’exposition passive à la fumée dans l'enfance augmente le risque de sa progéniture d'avoir un VEMS inférieur à la moyenne de 56 %. En revanche, cela ne semble pas avoir d’impact sur la CVF. En outre, les enfants des pères ayant subi un tabagisme passif petits avaient deux fois plus de risque de présenter une baisse précoce et rapide du coefficient de Tiffeneau (ratio VEMS/CVF). Ce dernier permet d'évaluer le degré d'obstruction bronchique dans les maladies respiratoires comme la BPCO ou l'asthme.

    "L'exposition paternelle au tabagisme passif en tant qu'enfant était également associée à un doublement du risque de BPCO à l'âge de 53 ans chez ses enfants, bien que cela ne soit plus statistiquement significatif après ajustement pour tenir compte de facteurs potentiellement influents", préviennent les auteurs dans leur communiqué.

    Les effets de “l’hérédité” pulmonaire du tabagisme passif, étaient encore plus marqués si les enfants avaient eux aussi grandi au contact de fumeurs.

    BPCO : ne pas fumer devant les enfants pour briser l’héritage pulmonaire

    "Nos résultats sont nouveaux, car il s'agit de la première étude à enquêter et à fournir des preuves d'une association défavorable de l'exposition paternelle à la fumée passive prépubère sur l'altération de la fonction pulmonaire de la progéniture d'âge moyen", soulignent les auteurs. "C'est important du point de vue de la santé publique parce que l'exposition passive à la fumée touche environ 63 % des adolescents, ce qui est nettement plus élevé que les quelque 7 % touchés par le tabagisme actif".

    Mais pourquoi les conséquences du tabagisme passif se transmettent à la génération suivante ? L’équipe avance une hypothèse. La "période précédant la puberté est particulièrement critique pour les garçons, lorsque l'exposition à des substances nocives peut modifier l'expression des gènes et modifier les mécanismes de réparation, qui peuvent ensuite devenir héréditaires".

    Pour mettre un terme à cet "héritage", les scientifiques invitent les pères à éviter de fumer, surtout en présence de leurs enfants.

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