Puberté précoce
Des substituts du sucre très utilisés accélèrent l’arrivée de la puberté
La consommation d'édulcorants très utilisés dans les produits sans sucre – comme l’aspartame et la sucralose – augmente le risque des enfants d’avoir une puberté précoce.

- Par Sophie Raffin
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De plus en plus de personnes s’interrogent sur les édulcorants et les substituts du sucre et leur impact sur la santé. Une nouvelle étude de l’université de Taipei, présentée lors du congrès annuel de l'Endocrine Society organisé à San Francisco, montre que certains pourraient ne pas être inoffensifs.
Les chercheurs ont constaté que la consommation d'aspartame, de sucralose, de glycyrrhizine et de sucres ajoutés était significativement associée à un risque accru de puberté précoce, en particulier chez les enfants présentant certaines caractéristiques génétiques.
Puberté précoce : les filles et les garçons ne sont pas sensibles aux mêmes édulcorants
Pour évaluer les effets des édulcorants sur les jeunes, les chercheurs ont suivi 1.407 adolescents à partir de 2018. 481 d’entre eux ont été diagnostiqués avec une puberté précoce centrale. C’est-à-dire qu’elle a été déclenchée par la sécrétion prématurée de certaines hormones sexuelles (gonadotrophines) par l’hypophyse.
L’équipe a également évalué la consommation d'édulcorants de chacun des participants grâce à des questionnaires et des analyses d'urine. De plus, leurs prédispositions génétiques à avoir une puberté précoce ont été déterminées. Le diagnostic de puberté précoce était basé sur des examens médicaux, des dosages hormonaux et des scanners.
L’analyse des données a révélé que la consommation de sucralose (utilisé dans les aliments sans sucres ajoutés) était associée à un risque plus élevé de puberté précoce centrale chez les garçons. Chez les filles, c’était l’absorption de glycyrrhizine, de sucralose et de sucres ajoutés, qui était problématique. Par ailleurs, plus les adolescents consommaient de ces édulcorants, plus leur risque de puberté précoce centrale était élevé.
Substituts du sucre et enfants : il faudrait de nouvelles recommandations
De précédents travaux de l’équipe avaient montré que certains substituts du sucre peuvent influencer directement les hormones et la flore intestinale liées à la puberté précoce. Par exemple, un édulcorant artificiel appelé acésulfame de potassium (AceK) s'est avéré capable de déclencher la libération d'hormones liées à la puberté en activant les voies du "goût sucré" dans les cellules cérébrales et en augmentant la production de molécules liées au stress. Un autre édulcorant, la glycyrrhizine, présente dans la réglisse, s'est avéré capable de modifier l'équilibre de la flore intestinale et de réduire l'activité des gènes impliqués dans le déclenchement de la puberté.
"Cela suggère que ce que les enfants mangent et boivent, en particulier les produits contenant des édulcorants, peut avoir un impact surprenant et puissant sur leur développement", explique le Dr Yang-Ching Chen, auteur de l’étude, dans un communiqué.Face aux résultats de ses recherches, le scientifique suggère que le dépistage du risque génétique et la modération de la consommation d'édulcorants pourraient aider à prévenir la puberté précoce ainsi que ses conséquences à long terme sur la santé. "Cela pourrait conduire à de nouvelles recommandations alimentaires ou à de nouveaux outils d'évaluation des risques pour les enfants, favorisant ainsi un développement plus sain", propose-t-il.