Grossesse

Prééclampsie : un test sanguin détecte les risques des mois avant les symptômes

Des chercheurs ont mis au point un test sanguin qui peut repérer les risques de prééclampsie jusqu’à 18 semaines avant les symptômes.

  • Astroid/istock
  • 01 Jul 2025
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    La prééclampsie est une complication très dangereuse de la grossesse aussi bien pour la maman que le bébé. Face à ce trouble lié à une hypertension artérielle et à la présence de protéines dans les urines, il faut agir très rapidement.

    Un test sanguin, présenté lors du 41ᵉ Annual Meeting of the European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) qui se tient en ce moment à Paris, pourrait changer la donne. Effectué au cours du premier trimestre de la grossesse, il serait capable d'identifier avec précision les femmes à risque de développer une prééclampsie environ cinq mois avant l’apparition des symptômes.

    Prééclampsie : une détection jusqu’à 18 semaines avant les symptômes

    Pour évaluer les risques de prééclampsie, les chercheurs de la Fondation Carlos Simon et d'iPremom ont décidé de se concentrer sur les ARN acellulaires (cfRNA) présents dans le plasma de la future maman plutôt que ces facteurs de risque ou les biomarqueurs placentaires comme c’est le cas actuellement.

    Pour ce dépistage, 216 femmes enceintes ont été réunies. Des prélèvements de sang ont été prélevés à plusieurs moments de leur grossesse : entre la 9e et 14e semaine, entre la 18 et la 28e semaine et au-delà des 28 semaines ou au moment du diagnostic. L'ARNcf a été extrait de 548 échantillons de plasma des participantes puis séquencé. Grâce à l'apprentissage automatique, les scientifiques ont identifié les “signatures” d'ARNcf annonciatrices d'une prééclampsie.

    Et, il s’est révélé qu’elles pouvaient être repérées très tôt. Au cours du premier trimestre, le modèle cfRNA a prédit la prééclampsie précoce (avant 34 semaines d'aménorrhée) avec une sensibilité de 83 %, une spécificité de 90 % et en moyenne 18 semaines avant le diagnostic.

    Concernant la prééclampsie tardive, elle pouvait être repérée en moyenne 14,9 semaines avant son apparition, grâce à une signature cfRNA distincte “présentant un chevauchement minimal avec celle de la prééclampsie précoce”, précise le communiqué.

    "Pour la première fois, nous avons démontré qu'un prélèvement sanguin systématique au premier trimestre peut donner un signal d'alerte précoce et très précis en cas de prééclampsie, bien avant l'apparition des symptômes", explique la chercheuse biomédicale Dr Nerea Castillo Marco, première auteure de l'étude. "Identifier les grossesses à haut risque aussi tôt ouvre une fenêtre cruciale pour un traitement préventif et une surveillance plus étroite afin de protéger les mères et les bébés."

    Prééclampsie précoce et tardive : deux "pathologies biologiquement et temporellement distinctes"

    Les résultats, également publiés dans la revue Human Reproduction, permettent aux chercheurs d’avancer que "l'approche cfRNA permet de capter des signaux moléculaires subtils provenant de plusieurs tissus maternels, dont l'utérus et le placenta, des mois avant l'apparition des symptômes".

    Mais le test a aussi mis en lumière des différences entre les prééclampsies précoces et tardives. Concernant le trouble précoce, l’équipe a remarqué que 47,2 % des transcrits prédictifs étaient liés à des gènes associés à l'endomètre maternel, et plus particulièrement à la résistance à la décidualisation (une incapacité de la muqueuse utérine à s'adapter correctement en début de grossesse). En cas de prééclampsie tardive, les signatures étaient davantage liées à des signaux biologiques systémiques qu’à ceux de la décidualisation.

    Ainsi pour les auteurs, les deux types de prééclampsie sont "des pathologies biologiquement et temporellement distinctes"."Nos analyses transcriptomiques ont montré que la prééclampsie précoce implique des modifications moléculaires généralisées dans les organes, notamment le foie, les reins, le placenta, le cerveau et les poumons” ajoute Dr Castillo Marco. “En revanche, la prééclampsie tardive présente des manifestations plus tardives et plus localisées, notamment au niveau des voies immunitaires et hépatiques."

    L’équipe travaille actuellement à la validation de son test par les autorités sanitaires et scientifiques. Elle estime que le test sanguin pourrait être disponible en pratique clinique d'ici un an, "offrant ainsi une opportunité sans précédent pour l'identification précoce et non invasive des grossesses à haut risque et une intervention rapide".

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