Oncologie
Paludisme : on sait enfin pourquoi il augmente le risque de cancer infantile
Des scientifiques ont découvert que le paludisme à Plasmodium falciparum pouvait favoriser le développement du lymphome de Burkitt, car la mutation génétique qui caractérise ce cancer a besoin d’une enzyme appelée AID pour se produire.

- Par Diane Cacciarella
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En 2023, 94 % des cas de paludisme ont été enregistrés dans la Région africaine, soit 47 Etats membres, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Parmi les décès liés à cette maladie, 76 % étaient des enfants de moins de cinq ans.
Le parasite P. falciparum associé au lymphome de Burkitt
Le paludisme pourrait être lié à une autre maladie : le lymphome de Burkitt, un cancer qui touche les lymphocytes B du système immunitaire. Cette maladie est rare à l'échelle mondiale mais sa prévalence est dix fois plus élevée dans les zones les plus touchées par le paludisme à P. falciparum. Les parasites du genre Plasmodium sont à l’origine du paludisme. Depuis longtemps, l’une des espèces, le Plasmodium falciparum, est associée au développement du lymphome de Burkitt. Néanmoins jusqu’à présent, ils ne savaient pas pourquoi.
Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue The Journal of Immunology, des scientifiques viennent de découvrir le rôle de Plasmodium falciparum dans le développement du lymphome de Burkitt. “Sachant que le paludisme est directement impliqué dans l'augmentation du risque de cancer chez l'enfant, les mesures visant à réduire le paludisme à P. falciparum en Afrique pourraient également réduire l'incidence du lymphome de Burkitt”, indique le Dr Rosemary Rochford, l’un des auteurs de cette étude, dans un communiqué.
Le rôle de l’enzyme AID dans le développement du lymphome de Burkitt
Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques ont découvert une importante augmentation d’une enzyme appelée AID dans les cellules B des enfants atteints de paludisme, même quand la maladie était bénigne. Selon les chercheurs, cela suggère que P. falciparum est directement impliqué dans le développement de la maladie car le lymphome de Burkitt est caractérisé par une mutation génétique qui a besoin de l'enzyme AID pour se produire.
La translocation du gène MYC est une mutation génétique durant laquelle un morceau d’ADN se détache d’un chromosome et se rattache ailleurs. Sans AID, la mutation ne peut pas se produire. Ainsi, la présence de cette enzyme en grande quantité dans les cellules des enfants malades montre que le paludisme peut favoriser le développement de ce cancer.
“Cette étude vient enrichir la littérature existante en soulignant le rôle crucial de l’enzyme AID dans l’origine du lymphome de Burkitt, et possiblement d’autres lymphomes non hodgkiniens”, souligne Dr Rosemary Rochford, qui a participé à l’étude.