Pédiatrie

Geste suicidaire chez un jeune : quel accompagnement après un passage à l'acte ?

Le nombre de tentatives de suicide a augmenté chez les jeunes pendant la crise sanitaire qui a fortement fragilisé leur santé mentale. La situation fait désormais partie de la pratique courante. Comment accompagner un jeune après un passage à l'acte ? Des spécialistes livrent des réponses pratiques.  

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  • 21 Oct 2022
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    L'impact de la crise sanitaire sur la santé mentale n'est plus à démontrer. Chez les plus jeunes, cela s'est traduit entre autres par l'augmentation des tentatives de suicide depuis fin 2020 rappelle le dernier Bulletin de l'Ordre National des Médecins.

    Un dossier de réflexions complet est consacré à la prise en charge des gestes suicidaires des jeunes. Un professeur de médecine générale et un chef de service de pédopsychiatrie donnent ainsi des pistes concrètes pour leur accompagnement en cas de passage à l'acte.

    « Il ne faut jamais donner l'impression de banaliser un acte suicidaire »

    « Aucun passage à l'acte ne doit être pris à la légère » insiste pour commencer le professeur Jean-Philippe Raynaud, pédopsychiatre et chef de service au CHU de Toulouse. Car banaliser l'acte devant le jeune concerné, c'est ne pas prendre sa souffrance au sérieux et donc risquer de l'aggraver. Tout geste est grave, quel qu'il soit car il y a un risque de récidive explique le pédopsychiatre.

    Et donc concrètement que faire ? Il existe le dispositif VigilanS, qui vise à recontacter par téléphone les personnes ayant fait une tentative de suicide pour les soutenir et éviter la réitération suicidaire. Initialement mis en place dans la région des Hauts de France, le dispositif est maintenant national et déployé dans 17 régions.

    Il est aussi possible explique le Pr Rayanud de mettre en place un « plan de gestion de crise » avec l'adolescent concerné. Il s'agit de voir avec lui quelles actions concrètes mettre en place si les idées suicidaires reviennent, par exemple aller voir l’infirmière scolaire ou un adulte de confiance. L'important est d'expliquer aux jeunes, et aux garçons notamment, moins enclins à demander de l'aide, que c'est une force d'être capable d'en demander.  

    « En médecine générale, on n’a pas le temps mais on a la durée »

    Interrogé sur cette même problématique, le professeur Philippe Binder, apporte, lui, son regard de médecin généraliste. Le dépistage d'idées ou gestes suicidaires, en pratique fait rarement l'objet d'une consultation dédiée, mais plutôt à l'occasion d'une consultation ayant un autre objet souligne-t-il pour commencer. L'idéal est donc de pouvoir fixer rapidement un nouveau rendez-vous pour discuter davantage de ses difficultés lorsqu'elles sont mises en évidence. Le jeune éludant souvent le problème, il peut arriver que le médecin généraliste ait un sentiment d'impuissance.

    Cependant, le fait qu'un adulte s'inquiète de sa détresse est déjà un commencement de thérapie pour l'adolescent, insiste le professeur de médecine générale. Il se sentira en effet moins seul avec sa détresse. Pas de complexe non plus à ne pas dédier un temps long à ce type de problématique : « Point besoin de faire des consultations longues. L'important est de répéter le contact » explique-t-il, ce qui correspond bien à l'exercice de la médecine générale où souligne-t-il « on n’a pas le temps, mais on a la durée ». 

    Les jeux dangereux révélateurs

    Outre l'accompagnement d'un jeune passé à l'acte, il y a aussi le repérage de ceux qui sont à risque. Le Bulletin livre également un article dédié à la question mettant en avant plusieurs points de vigilance. Parmi eux les jeux dangereux, qui peuvent être révélateurs d'un éventuel mal-être. Tristement connu dans ce domaine, il y a le jeu du foulard. Mais l'imagination se poursuit malheureusement.

    On peut donc aussi se sensibiliser au tout aussi morbide « labello challenge ». Il consiste à se filmer en train de mettre du baume à lèvres chaque jour ou à chaque contrariété et de mettre fin à ses jours lorsque le tube est arrivé à sa fin. Glaçant et rappelant donc que la vigilance vis-à-vis des jeunes à risque doit être constante

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    JDF