Psychiatrie
Fatigue et dépression : des cellules immunitaires dysfonctionnelles ?
Les troubles dépressifs seraient associés à une augmentation de la déformabilité des cellules immunitaires, ce qui pourrait expliquer la fatigue qui touche fréquemment ces patients.
- ismagilov/iStock
Tristesse constante, perte d’intérêt, dégradation du sommeil… Ces différents symptômes sont fréquemment associés à la dépression. Ce trouble psychique se manifeste également par une fatigabilité anormale. Selon une récente étude publiée dans la revue Translational Psychiatry, cette fatigue intense pourrait être provoquée par la déformabilité excessive des cellules immunitaires sanguines, causées par la dépression. Cette déformabilité anormale de ces cellules affecteraient la réponse immunitaire. C’est ce qu’ont dévoilé des scientifiques de l’université technique de Dresde en Allemagne.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les échantillons sanguins de 69 personnes à haut risque de troubles dépressifs et 70 adultes en bonne santé. "Les principaux types de cellules sanguines ont été classés et les paramètres morpho-rhéologiques tels que la taille et la déformabilité de chaque cellule individuelle ont été quantifiés", ont précisé les auteurs.
Un lien entre dépression, fatigue et déformabilité des cellules immunitaires
D’après les résultats, les cellules sanguines périphériques étaient plus déformables chez les patients atteints de troubles dépressifs par rapport aux sujets témoins, tandis que la taille des cellules n'était pas affectée. Selon les scientifiques, les adultes atteints de dépression persistante au cours de leur vie auraient une déformabilité cellulaire accrue des monocytes et des neutrophiles. De même, les lymphocytes étaient plus déformables chez les participants souffrant d’un trouble dépressif pendant 12 mois.
Les caractéristiques physiopathologiques des troubles dépressifs sont une inflammation chronique de bas grade et une production élevée de glucocorticoïdes. Ces deux facteurs peuvent potentiellement interférer avec l'organisation du cytosquelette, la courbure de la membrane cellulaire et la fonction cellulaire, ce qui suggère une altération des propriétés morpho-rhéologiques des cellules, comme la déformabilité cellulaire et d'autres caractéristiques mécaniques des cellules dans les troubles dépressifs.
"Si toutes les principales cellules sanguines ont tendance à être plus déformables, les lymphocytes, les monocytes et les neutrophiles sont les plus touchés. Ceci indique que des changements mécaniques des cellules immunitaires se produisent dans les troubles dépressifs", peut-on lire dans des travaux. Ces modifications des cellules sanguines peuvent entraîner une détérioration de la fonction cellulaire et expliquer l'épuisement général chez de nombreux patients dépressifs.








