Cardiologie

Cancers de l’enfant : réduction de la mortalité cardiovasculaire chez les adultes survivants

Les survivants adultes des cancers de l'enfance ont de nombreuses complications liées aux traitements anticancéreux. Les efforts visant à modifier les stratégies anticancéreuses chez les enfants et à promouvoir la surveillance ultérieure commencent à porter leurs fruits.

  • KatarzynaBialasiewicz/istock
  • 16 Janvier 2020
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    A l'aide des données de la cohorte Childhood Cancer Survivor Study (CCSS), basée aux États-Unis et au Canada, une équipe de chercheurs anglais a démontré que, par rapport aux survivants ayant reçu un diagnostic de cancer de l’enfance dans les années 1970, le rapport de risque de coronaropathie dans les années 1980 et 1990 est respectivement de : 0,65 (IC 95% : 0,45 à 0,92) et 0,53 (0,36 à 0,77).

    Cela est principalement dû à une forte baisse des cardiopathies chez les survivants du lymphome de Hodgkin. L’analyse plus détaillée permet de montrer que la baisse du risque peut être attribuable en partie à des réductions de l'exposition à la radiothérapie entre 1970 et 1999

    Il existe également une diminution du risque d'insuffisance cardiaque chez les patients traités dans les années 1990, bien que cette diminution ne soit pas statistiquement significative. L’étude est publiée dans le British Medical Journal.

    Importance des cardiopathies

    Les progrès réalisés dans le traitement des enfants souffrant de cancer ont abouti à une augmentation du nombre des survivants à l'âge adulte. Des enquêtes à grande échelle ont cependant indiqué une mortalité prématurée importante chez ces derniers. Dans une cohorte de Grande-Bretagne, 30% des participants qui avaient survécu à un cancer de l’enfance sont décédés à 45 ans, alors que l’on s'attendait à ce que seulement 6% décèdent.

    Au-delà de 45 ans, la plupart des décès en excès dans cette cohorte étaient causés par de nouveaux cancers primitifs (51%) et par des maladies cardiovasculaires (26%).

    Une cohorte rétrospective

    La Childhood Cancer Survivor Study est une étude de cohorte rétrospective en milieu hospitalier qui comprend plus de 23 000 survivants des cancers les plus courants diagnostiqués avant l'âge de 21 ans et traités dans les années 1970, 1980 ou 1990.

    Les auteurs ont déterminé, à l'aide de questionnaires envoyés aux survivants, l'incidence cumulative par décennie de traitement du cancer pour l'insuffisance cardiaque, la coronaropathie, les valvulopathies, la péricardite et l'arythmie.

    Importance des facteurs de risque classique

    Pour la première fois, ces chercheurs fournissent des preuves statistiquement significatives que le risque de coronaropathie a diminué chez les patients traités au cours des dernières décennies.

    Il est important de noter que Mulrooney et ses collègues ont exploré les effets respectifs des traitements anticancéreux et des facteurs traditionnels de risque cardiaque, en tenant compte de tous les autres facteurs de risque explicatifs disponibles.

    Les dyslipidémies et l'hypertension artérielle sont demeurées fortement et indépendamment associées à la plupart des évènements cardiaques, ce qui fournit des éléments importants pour éclairer les interventions préventives auprès des survivants des cancers de l’enfance.

    Ajuster les stratégies

    Bien que les efforts déployés au cours des dernières décennies pour réduire la cardiotoxicité des traitements anticancéreux semblent avoir un effet mesurable sur les cardiopathies et que cet effet bénéfique devrait se poursuivre, il est essentiel de prendre également en charge les facteurs de risque traditionnels, étant donné leur puissante relation indépendante avec les complications cardiaques dans cette étude et dans d'autres.

    Des recommandations ont été édictées dans divers pays qui toutes prônent l’intensification de la prise en charge de ces facteurs de risque à l’âge adulte avec des objectifs thérapeutiques plus ambitieux.

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