Infectiologie
Virus Zika : les femmes enceintes sous surveillance
Plus de 3000 cas d'infection par le virus Zika ont été répérés en Guyanne et en Martinique. Des mesures ont été mises en place sur le terrain et une surveillance est envisagée pour les femmes enceintes qui viennent de zones d'endémie.
- Esteban Biba/SIPA
La menace Zika est prise au sérieux. Ce 3 février, la ministre de la Santé Marisol Touraine a rencontré les parlementaires des DOM-TOM et la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin pour faire le point sur l’épidémie qui sévit en Martinique et en Guyane. A l’heure où plus de 3000 cas ont été repérés dans ces départements, l’heure est à la prévention et au renforcement du suivi.
La situation autour du virus Zika est préoccupante. Outre la Martinique et la Guyane, des cas autochtones ont été signalés en Guadeloupe et à Saint-Martin, ainsi que 9 cas importés en métropole. « Je veux rappeler que la saison hivernale actuelle n’est pas propice au développement des moustiques en métropole et qu’il n’y a donc pas aujourd’hui de risque épidémique dans l’hexagone », a rappelé la ministre de la Santé.
Sexuellement transmissibles
Les complications, elles, restent rares : aucun cas de syndrome de Guillain-Barré n’est à déplorer pour le moment. Sur les 20 femmes enceintes touchées par l’infection transmise par le moustique, aucune n’a développé de complication affectant le fœtus. A ce sujet, Marisol Touraine a souligné que les suspicions concernant le lien entre microcéphalie et virus Zika sont très fortes.
A tel point que plusieurs instances françaises – l’Institut Pasteur et le Conseil national professionnel de gynécologie et obstétrique (CNPGO) – ont recommandé le port du préservatif pour les femmes enceintes ou en âge de procréer. Un conseil étendu aux hommes susceptibles d’être infectés. En effet, le virus Zika pourrait être sexuellement transmissible. « J’ai saisi ce matin en urgence le Haut conseil de la santé publique pour qu’il me confirme, dans les tous prochains jours, ces recommandations pour la France », a annoncé Marisol Touraine.
Surveillance échographique mensuelle
Le CNPGO n’a pas attendu l’avis du HCSP pour émettre ses propres recommandations. Dans un document destiné aux professionnels de santé, ses membres expriment la nécessité des mesures de protection individuelle. Les femmes qui reviennent de zones endémiques devraient aussi bénéficier d’une surveillance échographique mensuelle. Elle permettra de mesurer le tour de tête du fœtus – afin de détecter une éventuelle microcéphalie. Un conseil d’autant plus précieux que l’avenir des nouveau-nés reste incertain.
Le risque théorique reste faible, rappelle toutefois le Conseil : la probabilité est de 0,1 à 16 % pour une femme exposée au 1er ou 2e trimestre de grossesse sur les chiffres brésiliens, de 0,5 % selon les données de la Polynésie française.
La prévention sera tout de même renforcée dans les départements français touchés. Marisol Touraine a annoncé le lancement de campagnes d'information radiophoniques et télévisées, ainsi que la destruction des gîtes permettant aux moustiques de pondre. Pour mener à bien cette mission, l'Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) et les volontaires du service civique seront mobilisés. Le suivi épidémiologique sera également renforcé, tout comme l'envoi de matériel aux établissements hospitaliers qui accueillent les malades.








