Pneumologie
Pollution atmosphérique : un facteur de risque de FPI
Une exposition à une concentration d’oxyde d’azote supérieure à 10 microgrammes/m3 d’air augmente de 8% le risque de fibrose pulmonaire idiopathique. D'après une interview avec Bruno Crestani.
- Elwynn Epicura
Une étude épidémiologique, publiée dans l’ERJ et menée en Lombardie dans le Nord de l’Italie, a cherché à démontrer le lien entre l’exposition chronique à la pollution de l’air, principalement celle lièe à l’automobile et l’incidence de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Un lien avait été démontré pour des expositions professionnelles, avec notamment un risque dans l’industrie métallurgique dans une étude anglaise.
Les résultats de cette étude,commentée par Bruno Crestani, hôpital Bichat à Paris, menée dans une région très industrialisée de l’Italie, ont montré un lien statistique entre les concentrations d’oxyde d’azote (NO2) dans l’air et l’incidence de la FPI, une augmentation de la concentration de NO2 de 10 microgrammes/m3 d’air augmentant de 8% le risque de fibrose pulmonaire idiopathique, avec un intervalle de confiance assez large. Il n’y avait pas de lien dans cette étude entre l’incidence de la FPI et les concentrations d’ozone (O3) ou les concentrations de petites particules (PM10). L'incidence de la fibrose pulmonaire idiopathique dans la population générale étant de 4 à 5 pour 100 000 habitants par an, ce risque demeure modeste mais néanmoins mesurable. L’analyse statistique a pris en compte les variations saisonnières des concentrations de NO2 dans l’air.
Des liens convergents entre fibrose pulmonaire et pollution de l’air
Un lien entre l’évolution de la fibrose pulmonaire idiopathique et la pollution avait déjà été constaté dans d’autres études et ce nouvel essai a montré un lien possible entre l’incidence de la maladie et la pollution, une association déjà connue pour l’asthme, la BPCO et le cancer bronchopulmonaire. Dans le cas de la FPI, il a été montré que l’augmentation de la concentration des particules fines dans l’air était associée à une surmortalité et que l’exposition à l’ozone augmentait le taux d’exacerbations. Par ailleurs, dans des études épidémiologiques, une exposition chronique à l’oxyde d’azote est associée à une fréquence plus importante d’anomalies interstitielles sur des scanners systématiques.
NO2, ozone, PM10 et PM2,5 ... toutes ces expositions sont fortement liées au trafic automobile. Ces observations constituent un faisceau d’arguments qui convergent vers l’existence possible d’un lien entre pollution environnementale de l’air et incidence et évolution de la fibrose pulmonaire idiopathique.
Mais des confirmations restent encore nécessaires
Cependant cette étude épidémiologique présente des limites car le diagnostic de fibrose pulmonaire idiopathique a été établi à partir des données de codage administratif, donc peu « robuste ». En outre, l’analyse n’a pas tenu compte du tabagisme : aucune correction concernant le tabagisme n’a été apportée, alors qu'il constitue un facteur de risque majeur de fibrose pulmonaire idiopathique. Les résultats de cette étude restent donc à confirmer par d’autres études complémentaires.
En conclusion, ces données font suspecter un lien entre la fibrose pulmonaire idiopathique et la pollution environnementale, chacun des composants polluants ayant potentiellement un rôle sur l’évolution de la maladie. Mais une confirmation est nécessaire par d’autres études pour affirmer le lien entre pollution et incidence de la fibrose pulmonaire. Cette étude constitue déjà, malgré tout, une démonstration nouvelle.









