Pneumologie
Asthme : la kinésithérapie de rééducation ventilatoire fait pratiquement aussi bien qu'un bêta deux mimétique
La qualité de vie des patients asthmatiques est améliorée avec des exercices de kinésithérapie respiratoire de manière bien supérieure à celle des patients ne bénéficiant pas de cette prise en charge. D'après un entretien avec Frédéric Costes.
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Une étude anglaise parue dans le Lancet, a cherché à comparer la prise en charge non médicamenteuse et physiothérapeutique, au traitement médical seul, chez les patients asthmatiques mal contrôlés. Il s’agit d’une étude randomisée comportant 3 groupes de patients. Le premier groupe recevait par la poste un DVD et un manuel engageant à pratiquer les exercices respiratoires par eux-mêmes; le deuxième groupe pratiquait ces exercices avec l’aide d’un kinésithérapeute et le troisième continuait son suivi habituel, sans exercices complémentaires. Le recrutement s’est fait par voie postale et 15 000 lettres ont été envoyées.
Les exercices portaient sur la respiration diaphragmatique, la respiration nasale, la diminution de la fréquence respiratoire et une relaxation simple. Les patients ont ensuite été évalués à 3, 6 et 12 mois, en recueillant leurs consultations de suivi.
Les exercices améliore la qualité de vie
Les 2 groupes ayant bénéficié d’une prise en charge par les exercices respiratoires ont vu leur qualité de vie améliorée de manière bien supérieure à celle du groupe contrôle. Ces 2 groupes ont eu des résultats équivalents, c’est-à-dire non dépendants de la présence du kinésithérapeute. Frédéric Costes, professseur de physiologie respiratoire au CHU de Clermont-Ferrand, émet une réserve sur le groupe de patients ayant reçu le DVD, car aucun contrôle de ce qu’ils ont réellement fait n’a pu avoir lieu. D’autre part, l’intervention du kinésithérapeute dans le deuxième groupe n’a eu lieu que pendant 6 semaines et l’amélioration de la qualité de vie a été obtenue sur un an. L’action des exercices sur l’hyperventilation peut expliquer cette amélioration.
Une amélioration liée à la part affective de la prise en charge
Les patients du troisième groupe ont également vu leur qualité de vie légèrement améliorée. Pour le Professeur Costes, ceci est lié à leur seule inclusion dans l'étude et c’est la part émotionnelle qui est améliorée avec la prise en charge. En effet, les critères de contrôle de l’asthme que sont le VEMS ou le dosage de NO exhalé n’ont pas été modifiés. Cette prise en charge ne change donc rien sur le fond de la maladie, ni sur son caractère inflammatoire.
En conclusion, cette étude est large mais avec peu de contrôle et n’ayant pas abordé les problèmes éducatifs et l’activité physique des patients. Elle permet, cependant, d’imaginer qu’en proposant des exercices respiratoires, le contact avec le soignant est optimisé, ce qui est favorable chez les patients anxieux. En France, même si le coût est plus important qu’un DVD, la relation avec le soignant est toujours favorisée, prenant en compte la part affective omniprésente chez les patients asthmatiques.








