Infectiologie
Vaccin antigrippe : un patch pour améliorer la couverture
Des chercheurs ont imaginé un patch de la taille d’un pansement doté d’aiguilles microscopiques et solubles contenant le vaccin antigrippal. Il peut s'auto-administrer.
- Rob Felt, Georgia Tech
Fini les aiguilles ! Une équipe de chercheurs américains a mis au point un patch-vaccin antigrippale. L'essai de phase 1 présenté dans The Lancet montre que cette alternative à la seringue est sûre et induit une réponse immunitaire robuste contre le virus influenza.
« Malgré les recommandations en faveur de la vaccination, la grippe reste une maladie majeure pouvant mener à d’importantes morbidités et mortalités », rappelle le Pr Nadine Rouphael, responsable de ces travaux et professeur d’infectiologie à l’Université Emory (Etats-Unis).
De fait, là-bas comme en France, la population rechigne à se faire vacciner contre la grippe. Sur les 11 millions de Français invités à se faire vacciner chaque année, moins de la moitié se rend chez leur médecin pour recevoir l’injection. « Avoir une option qui peut être facilement administrée et n’entraînant aucune douleur pourrait améliorer la couverture vaccinale », poursuit la spécialiste
Des aiguilles solubles
En partenariat avec l’Institut de technologie de Georgie (Etats-Unis), l’équipe du Pr Rouphael s’est donc attelée au développement d’une alternative à la seringue. Ils ont imaginé un patch de la taille d’un pansement doté d’aiguilles microscopiques et solubles contenant le vaccin antigrippal.
Après des tests concluants en laboratoire, les chercheurs ont étudié leur innovation sur l’homme. A partir de juin 2015, 100 participants de 18 à 49 ans en bonne santé et non vaccinés l’hiver précédent ont participé à cet essai clinique. Certains ont reçu le vaccin traditionnel, tandis que 2 autres groupes ont bénéficié du vaccin en patch. Parmi ces derniers, certains ont été vaccinés par un médecin et d’autres par des volontaires eux-mêmes. Enfin, un dernier groupe a reçu un placebo délivré par le patch.
Bonne réaction immunitaire
Les résultats suggèrent que ce mode d’administration du vaccin est sûr et n’entraîne pas d’effets indésirables. Les réactions cutanées se limitent à des rougeurs et des légères démangeaisons. Les analyses sanguines révèlent, en outre, que la réaction immunitaire induite par le vaccin est similaire avec le patch et le vaccin. Une réponse encore présente 6 mois après l’injection.
Les chercheurs indiquent que ce mode d’administration a été plébiscité par plus de 70 % des volontaires ayant eu l’occasion de le tester. Par ailleurs, ils constatent que le patch est très facile d’utilisation : les participants vaccinés par d’autres volontaires ont présenté une protection similaire à ceux qui ont été vaccinés par un soignant.
Un auto-vaccin
Des résultats qui confirment les avantages de cette option vaccinale. « Avec le patch, vous pouvez le récupérer à la pharmacie, l’emmener chez vous, le placer sur votre peau quelques minutes, l’enlever puis le jeter en toute sécurité car les microaiguilles se sont résorbées. Le patch peut même être stocké à température ambiante, vous pouvez donc l’envoyer par courrier à quelqu’un », décrit l’un des auteurs, le Pr Mark Prausnitz, spécialiste en génie biomoléculaire.
Forts de ces résultats, les chercheurs espèrent pouvoir poursuivre leur essai clinique et passer en essai de phase 2. Les tests pourraient ainsi être menés chez un plus grand nombre de personnes. En parallèle, les chercheurs développent des patchs pour d’autres vaccins, tels que la rougeole, la rubéole ou la poliomyélite.








