Lymphome de Hodgkin avancé : HD21, cinq ans après, un nouveau standard se confirme

 

L’ASH 2025 a marqué une étape importante dans la prise en charge du lymphome de Hodgkin avancé. La présentation finale de l’étude HD21, conduite par le German Hodgkin Study Group, apporte des données à cinq ans très attendues. Elle confirme la solidité d’un protocole qui s’impose désormais comme l’un des plus sérieux candidats au statut de nouveau standard : le schéma BrECADD, comparé au classique eBEACOPP.
Depuis près de vingt ans, eBEACOPP est le pilier du traitement des formes avancées du Hodgkin. Un protocole efficace, mais lourd, dont la toxicité hématologique, les risques de fertilité, les neuropathies et la fatigue cumulative ont marqué plusieurs générations de patients jeunes. L’enjeu, depuis plusieurs années, n’est plus simplement de traiter la maladie, mais de le faire en préservant au maximum la qualité de vie au long cours.
BrECADD est né de cette ambition : conserver l’efficacité, réduire ce qui fait mal, alléger la toxicité sans perdre le contrôle de la maladie. HD21, qui compare les deux approches à l’échelle internationale, fournit désormais un recul de cinq années. Un recul suffisamment long pour juger de ce qui compte vraiment dans une population jeune : la survie, la sécurité à long terme et l’impact sur la vie future.
Ce que montre HD21 est clair. En termes d’efficacité pure – survie globale, survie sans progression – BrECADD se maintient au niveau d’eBEACOPP, parfois même au-dessus, selon les sous-groupes analysés. Survie globale et survie sans progression sont pleinement préservées, ce qui confirme que la réduction de toxicité ne se paye pas en perte d’efficacité.
Mais ce sont les données de tolérance tardive qui retiennent l’attention. BrECADD entraîne nettement moins de neuropathies, beaucoup moins de cytopénies prolongées, et semble avoir un impact plus limité sur la fertilité. Pour un protocole destiné à des patients de 20, 30 ou 40 ans, cette différence change la trajectoire de vie. Avec eBEACOPP, nombre de patients payaient pendant des années le prix d’un traitement intensif. Avec BrECADD, le coût biologique semble nettement réduit.
L’autre force de HD21 réside dans son recours systématique au PET-scan précoce pour adapter le traitement. Cette approche dite PET-guidée permet d’intensifier uniquement chez les patients qui en ont réellement besoin et, surtout, d’alléger rapidement chez ceux qui montrent une bonne réponse initiale. C’est un traitement plus intelligent, plus précis, plus adaptable. Une chimiothérapie qui se module plutôt qu’une chimiothérapie imposée à tous.
Le professeur responsable de la présentation l’a résumé d’une manière simple mais forte : « Le Hodgkin avancé n’a plus besoin d’un traitement écrasant pour être contrôlé. » Cette phrase reflète bien l’esprit d’HD21 : une prise en charge qui se veut tout aussi efficace mais moins punitive, mieux tolérée, plus respectueuse du long terme.
À l’heure où l’hématologie évolue rapidement sous l’effet des immunothérapies, des thérapies cellulaires et des traitements ciblés, HD21 rappelle que la chimiothérapie, lorsqu’elle est repensée et modernisée, conserve un rôle essentiel. Mais une chimiothérapie repensée dans son intensité, son rythme, son impact sur le patient.
La question qui se pose désormais est simple : BrECADD doit-il devenir le nouveau standard du Hodgkin avancé ? Au vu des données présentées à cinq ans, la réponse s’oriente de plus en plus vers un oui. Les futures recommandations devront en tenir compte, mais le mouvement est lancé.
HD21 restera sans doute l’un des marqueurs majeurs de cet ASH. En apportant un protocole efficace, plus sûr, mieux adapté à des patients jeunes, il ouvre une voie qui concilie exigence thérapeutique et qualité de vie. Une voie qui, jusqu’ici, manquait dans un domaine pourtant riche en innovations.
ENCADRÉ – Ce qu’il faut savoir du Hodgkin avancé
Le lymphome de Hodgkin est un cancer touchant principalement l’adulte jeune. Dans ses formes avancées, le traitement repose depuis deux décennies sur des chimiothérapies intensives, en particulier le protocole eBEACOPP. Très efficace, ce traitement n’en reste pas moins lourd et générateur d’effets secondaires à long terme : toxicité hématologique, neuropathies, risque d’infertilité ou complications tardives.
L’arrivée de BrECADD, un protocole plus moderne utilisant le PET-scan précoce pour ajuster l’intensité thérapeutique, vise à préserver l’efficacité tout en réduisant la toxicité. L’étude HD21, initiée par le German Hodgkin Study Group, compare directement ces deux approches dans un essai de grande ampleur avec un objectif majeur : offrir un traitement efficace qui n’hypothèque pas l’avenir des patients jeunes.
3 points à retenir – HD21 à l’ASH 2025
1. Le protocole BrECADD confirme, avec cinq ans de recul, une efficacité équivalente à eBEACOPP, notamment en survie globale et en contrôle de la maladie. Les performances oncologiques sont préservées.
2. La toxicité tardive est significativement réduite : moins de neuropathies, moins de cytopénies prolongées, et un impact moindre sur la fertilité, ce qui est déterminant pour une population jeune.
3. Le PET-scan précoce permet une véritable personnalisation de l’intensité thérapeutique. Cette approche modulée rend le traitement plus précis, mieux toléré et plus cohérent avec les enjeux de long terme.

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