Neurologie

Tremblement essentiel : un dispositif de stimulation périphérique transcutanée améliore la fonction

Chez des adultes souffrant d’un tremblement essentiel, une stimulation transcutanée des nerfs périphérique en ambulatoire, continue et adaptative par IA (TPNS) réduit modestement l’impact fonctionnel à 90 jours versus une fausse stimulation (sham).

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  • 21 Octobre 2025
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    Le tremblement essentiel (TE), qui est une des maladies neurologiques les plus fréquentes, altère parfois fortement l’autonomie (boire, écrire, manger). Les traitements médicaux de première ligne (propranolol, primidone) restent d’efficacité incomplète et de tolérance parfois limitée. En ciblant le réseau cérébello-thalamo-cortical via une stimulation transcutanée des nerfs périphériques de l’avant-bras offre, cette technique non invasive offre une alternative non chirurgicale par rapport aux approches de stimulation centrales de 2ème ligne (Stimulation cérébrale profonde, ultrasons IRM focalisés). Le dispositif testé délivre une stimulation diurne continue des nerfs radial, médian et ulnaire, avec un réglage en temps réel guidé par une IA connectée.

    Selon les résultats publiés dans le JAMA Neurology, dans un essai randomisé multicentrique (États-Unis/Chine), 125 patients ont été assignés 2:1 à la stimulation transcutanée des nerfs périphériques (TPNS) (n=83) ou une fausse stimulation périphérique (sham) (n=42). Ils ont porté l’appareil pendant l’éveil durant 90 jours. Le critère principal, la variation de l’index mADL (TETRAS), s’est amélioré de –6,9 points (IC à 95 % –8,4 à –5,4) sous TPNS versus –2,7 points (IC à 95 % –4,0 à –1,3) sous sham (p<0,001), signalant un gain fonctionnel statistiquement significatif, bien que d’amplitude clinique modérée.

    Un rationnel neuro-cérébelleux pour une neuromodulation non invasive

    Au-delà du mADL, l’étude rapporte une amélioration de la qualité de vie liée au tremblement (questionnaire spécifique), cohérente avec l’effet perçu sur les activités quotidiennes. En revanche, plusieurs critères secondaires clés n’ont pas confirmé un bénéfice, notamment le TETRAS performance subscale, mesure objective par évaluateur, restée non significativement différente entre groupes. La granularité itemisée du mADL suggère des gains fractionnels (près de 0,5 point ou moins par item), ce qui interroge sur la portée clinique de cette stimulation pour certaines tâches (manger, boire, s’habiller). Le maintien de l’insu a été imparfait : environ deux tiers des participants auraient deviné leur groupe randomisé, avec un risque d’amplifier l’effet perçu. L’attrition a été notable, motivée par des effets indésirables mais aussi des raisons « personnelles ».

    Côté tolérance, l’événement lié au dispositif le plus fréquent a été l’irritation cutanée : 33,7 % (28/83) sous TPNS vs 4,8 % (2/42) sous sham. Des cas isolés de nausées, arthralgies, aggravation d’arthrose du pouce, faiblesse musculaire et contractions involontaires ont été rapportés, tous sous TPNS. Globalement, le profil de tolérance est acceptable mais non trivial pour un usage continu.

    Un essai pragmatique randomisé versus placebo (sham) court qui a besoin de confirmation

    Il s’agit d’un essai randomisé, contrôlé, en double insu, conduit dans 12 centres ambulatoires (février–août 2024), incluant des adultes avec tremblement essentiel documenté, évalué sur le TETRAS performance ≥2 sur au moins une tâche et score total ≥7, et capables d’utiliser un smartphone/Wi-Fi. La stimulation était continue pendant l’éveil sur 90 jours ; l’ajustement automatique par IA visait à ne pas perturber le contrôle moteur volontaire. Cette méthodologie, mixant deux pays et la vraie vie en ambulatoire, soutient une bonne généralisabilité aux patients suivis en consultation, mais la durée limitée, l’insu imparfait et l’attrition tempèrent la robustesse de l’estimation d’effet.

    Selon un éditorial associé, le TPNS peut être proposé comme option non invasive chez des patients en échec, intolérance ou refus des traitements médicamenteux et des interventions centrales, en explicitant un bénéfice moyen modeste et un risque d’irritation cutanée. Ce dispositif de stimulation périphérique s’inscrit au sein d’autres types de dispositif de stimulation périphérique transcutanée des nerfs périphériques et des essais comparatifs sont nécessaires versus ces autres dispositifs et versus traitements médicaux de référence, ainsi qu’en association versus traitement médical seul.

    À ce stade, la stimulation périphérique transcutanée des nerfs périphériques de type TPNS ajustée par IA s’impose comme une piste prometteuse, utile pour certains profils, mais qui ne remplace pas les standard établis tant que son efficacité clinique substantielle et durable n’est pas confirmée.

     

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