Onco-Sein
Cancer du col métastatique : les avancées de l'essai InnovaTV/ENGOT cx12
L’ESMO 2023 a été riche en publications concernant la prise en charge des cancers du col avec notamment l'essai InnovaTV/ENGOT cx12, démontrant une réduction de 30 % du risque de décès pour les patientes métastatiques déjà prétraitées, grâce au TISOTUMAB VEDOTIN comparativement à une chimiothérapie classique.
- mi-viri/iStock
Le pronostic des cancers du col récurrents ou métastatiques reste jusqu'à ce jour extrêmement défavorable que ce soit en terme d'évolution locale ou à distance, du fait de l'inefficacité des diverses monochimiothérapies utilisées. En effet, la plupart ont des taux de réponse < 5 %, et s’accompagnent fréquemment de complications, en lien avec l'envahissement local, pouvant rapidement amener à contre-indiquer des traitements potentiels. Il est donc primordial d'espérer avoir à la fois un taux de réponse satisfaisant en plus des bénéfices attendus habituels d’efficacité.
L’étude de phase III InnovaTV s'est intéressée à l'utilisation d'un nouvel anticorps drogue conjugué, le TISOTUMAB VEDOTIN, dirigé contre le facteur tissulaire, et combinant une molécule cytotoxique : la monométhylauristatine E, un anti microtubules.
Un anticorps drogue conjugué ciblant le facteur tissulaire
L’essai InnovaTV, de phase III, présenté oralement à l’ESMO 2023 par I.B Vergote, démontre un bénéfice de 30 % en survie globale, et de 33 % en survie sans progression du TISOTUMAB VEDOTIN comparativement à une chimiothérapie, dans les cancers du col récidivants ou métastatiques déjà prétraités par une ligne de chimiothérapie préalable.
En pratique, 502 patientes présentant un cancer du col métastatique et/ou récidivant, ayant été prétraitées par au moins un doublet de chimiothérapie, possiblement associé à du bévacizumab et/ou un anti-PDL1, sans dépasser 2 lignes de traitement systémique préalables, ont été randomisées selon un schéma 1:1 pour recevoir soit le TISOTUMAB VEDOTIN (n = 253) à la dose de 2 mg/kg, toutes les 3 semaines, soit une chimiothérapie standard (n = 249) au choix de l'investigateur parmi du topotécan, de la vinorelbine, de la gemcitabine, de l'irinotécan, du pémétrexed.
Les patientes étaient stratifiées selon le PS (0 vs 1), l’utilisation du bévacizumab préalable (oui vs non), l'utilisation d'un anti-PDL1 préalable (oui vs non), et l'origine géographique. Le critère de jugement principal était la survie globale, les critères de jugement secondaire étaient la survie sans progression, le taux de réponse objective et la tolérance.
Un bénéfice en survie globale de 30 %
Concernant la population, on note un âge médian de 51 ans, une majorité de carcinome épidermoïde (63 %), une atteinte extra pelvienne pour 90 % des malades, 63,9 % des patientes avaient reçu du Bévacizumab et 27,5 % un anti-PDL1, une grosse majorité avait bénéficié d'une radiothérapie pelvienne (81 %).
Après un suivi médian de 10,8 mois, l'étude est positive concernant son critère de jugement principal avec une médiane de survie globale de 11,5 mois dans le bras TISOTUMAB VEDOTIN vs 9,5 mois dans le bras chimiothérapie (HR 0,70, IC 95 % 0,54 – 0,89, p = 0,0038), et un taux de survie globale à 12 mois de 48,7 % vs 35,3 % respectivement. Concernant les critères de jugement secondaire la médiane de survie sans progression était respectivement de 4,2 mois et 2,9 mois (HR 0,67, IC 95 % 0,54 – 0,82, p < 0,0001), avec un taux de survie sans progression à 6 mois de 30,4 % et 18,9 % respectivement.
Ces résultats étaient retrouvés quel que soit les sous-groupes notamment en cas de pré exposition à une immunothérapie. Concernant le taux de réponse objective celui-ci était de 17,8 % dans le bras expérimental versus 5,2 % dans le bras standard (p < 0,0001), avec 6 réponses complètes uniquement dans le groupe TISOTUMAB VEDOTIN. La durée médiane de réponse était d'environ 5 mois dans les deux bras. Concernant la tolérance, on observe moins de toxicité de grade ≥ 3 dans le bras expérimental vs le bras standard (29,2 % vs 45,2 %), avec une majorité, concernant l'anticorps drogue conjuguée, de neuropathie périphérique (5,2 %), toxicité oculaire (3,2 %), et de saignement (0,8 %).
L'arrivée d'une nouvelle molécule efficace dans ce cancer de mauvais pronostic est une avancée majeure, et nous espérons pouvoir en faire profiter nos patientes rapidement.








