Psychologie

Violences conjugales : et si la psilocybine aidait à inverser les effets des lésions cérébrales chez les victimes ?

La psilocybine pourrait atténuer les altérations comportementales et neurobiologiques chroniques des lésions cérébrales résultant des agressions physiques récurrentes perpétrées par un partenaire.

  • Egoitz Bengoetxea Iguaran/iStock
  • 20 Novembre 2025
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    "La violence conjugale constitue un problème de santé publique majeur, touchant principalement les femmes. Les lésions cérébrales liées à la violence conjugale, telles que les traumatismes crâniens légers et les strangulations non mortelles, subies lors d'agressions physiques, sont fréquentes et souvent répétées. Les séquelles neurocomportementales chroniques de ces lésions sont associées à une neuroinflammation et à une neuroplasticité (capacité à former de nouvelles connexions neuronales ou à modifier les connexions existantes) altérée, et les options thérapeutiques efficaces sont rares, notamment dans le contexte de violence conjugale", selon des chercheurs des universités Monash, Vancouver Island et Victoria (Australie et Canada).

    Tester l’efficacité de la psilocybine chez des rates ayant subi des traumatismes physiques répétés

    Ces derniers estiment que la psilocybine, un agoniste des récepteurs 5-HT2A présentant un potentiel thérapeutique dans les troubles psychiatriques, pourrait être une candidate prometteuse. Afin d’évaluer son potentiel pour inverser les effets chroniques des lésions cérébrales liées à la violence conjugale, l’équipe a réalisé une étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry. Dans le cadre de celle-ci, elle a mené une expérience sur des rates, comme "la majorité des victimes de violences conjugales sont des femmes". Pour modéliser les lésions cérébrales liées aux violences conjugales, les auteurs ont soumis quotidiennement les animaux à un traumatisme crânien léger, suivi d'une stimulation nerveuse périphérique de 90 secondes, pendant cinq jours, puis ont bénéficié de 16 semaines de récupération.

    Quatre mois après avoir subi ces traumatismes, les rongeurs ont reçu une injection de psilocybine ou de placebo (ici une solution saline). Vingt-quatre heures plus tard, ils ont réalisé des tests comportementaux visant à évaluer leur mémoire, leur apprentissage, leur motivation et leur niveau d'anxiété. "Afin de déterminer si les effets de la psilocybine dépendaient des récepteurs 5-HT2A, des rates supplémentaires ont reçu un prétraitement avec l'antagoniste sélectif des récepteurs 5-HT2A, le M100907 (1,5 mg/kg), une heure avant l'administration de psilocybine."

    Violences conjugales : la psilocybine corrigerait les anomalies induites par les agressions

    Selon les résultats, le composé psychédélique a permis de corriger les anomalies induites par le traumatisme crânien léger. Les animaux ayant bénéficié de la psilocybine présentaient également moins de comportements anxieux et dépressifs et leurs performances aux tests de mémoire et d'apprentissage étaient meilleures. Bien que ces données soient encourageantes, les chercheurs précisent que des essais cliniques chez êtres humains doivent être menés afin de déterminer si la psilocybine constitue une stratégie thérapeutique sûre et efficace pour favoriser la récupération après des lésions cérébrales liées à la violence conjugale.

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