Infectiologie

Notre pommeau de douche est-il un nid à microbes ?

Des millions de bactéries et autres agents pathogènes sont nichés dans les tuyaux et le pommeau de notre douche, avec parfois un risque d’infection. Quelques précautions d’hygiène peuvent faire la différence.

  • Artem Tarasov / istock
  • 21 Octobre 2025
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    On croit se nettoyer, mais on s'expose peut-être à pléthore de microbes. Chaque matin, le simple fait d'ouvrir le robinet de sa douche libère des millions de bactéries et de champignons microscopiques, alerte un article de la BBC. Loin d'être anodins, ces organismes nichés dans le pommeau et le tuyau de douche pourraient, dans certains cas, présenter un risque pour notre santé.

    Un foyer invisible de microbes

    "Le premier jet d'une douche matinale n'est pas que de l'eau et de la vapeur", avertit le média britannique, qui s’appuie sur une série d’études sur le sujet. Pendant la nuit, une fine pellicule de bactéries, appelée biofilm, se forme en effet à l'intérieur du tuyau. Or ce biofilm se fragmente dès qu'on ouvre l'eau, projetant dans l'air de minuscules gouttelettes contaminées. Et la quantité de microbes ainsi libérés peut donner le vertige : jusqu'à plusieurs centaines de millions de cellules par centimètre carré, selon les tests effectués en laboratoire et dans des salles de bain domestiques.

    Parmi ces micro-organismes, la plupart sont inoffensifs. Mais certains, comme les mycobactéries ou Legionella pneumophila, responsable de la légionellose (une infection pulmonaire grave), peuvent poser problème, surtout chez les personnes fragiles. "Seules les douches contaminées par des agents pathogènes opportunistes présentent un risque, précise le microbiologiste Frederik Hammes, interrogé par la BBC. Le risque d'infection est plus élevé si l'on est exposé à Legionella pneumophila dans un espace clos comme la douche."

    La composition du tuyau de douche semble influencer la prolifération bactérienne. Une étude a ainsi montré que les tuyaux en PVC-P contiennent jusqu'à 100 fois plus de bactéries que ceux en PE-Xc, car ils libèrent davantage de carbone, un nutriment pour les microbes. Privilégier un pommeau en acier inoxydable ou en laiton chromé, avec un tuyau court et lisse, limite la formation de biofilms.

    Comment limiter les risques ?

    Pas besoin de tout changer, mais adopter quelques habitudes peut faire la différence. Par exemple, laisser couler l'eau chaude 60 à 90 secondes avant de se doucher, aérer la salle de bain pour limiter les particules en suspension, nettoyer régulièrement le pommeau avec de l'eau très chaude (ou du jus de citron), ou encore désinfecter la douche après une longue période sans l’utiliser.

    Et ne vous laissez pas tenter par des pommeaux présentés comme "antimicrobiens". "La plupart n'ont pas d'effet réel sur la charge microbienne", souligne Sarah-Jane Haig, professeure en microbiologie environnementale. Elle recommande de miser sur la ventilation et l'entretien, plutôt que sur des gadgets marketing.

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