Médicament
L'ibuprofène, un anti-douleur qui protège aussi du cancer ?
L’ibuprofène, un médicament anti-douleur courant, pourrait également réduire le risque de développer certains cancers, notamment de l’endomètre, selon des chercheurs. A consommer toutefois avec prudence...

- Par Stanislas Deve
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Connu pour soulager maux de tête et douleurs menstruelles, l’ibuprofène pourrait jouer un rôle bien plus préventif que l’on ne pensait. D’après de récentes recherches, ce médicament du quotidien "pourrait aussi avoir des propriétés anticancéreuses", affirme une équipe de chercheurs de la Kingston University (Royaume-Uni) dans The Conversation.
Un anti-inflammatoire pas comme les autres
L’ibuprofène appartient à la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui bloquent les enzymes COX responsables de l’inflammation. Ces molécules "agissent en réduisant la production de prostaglandines, des messagers chimiques qui stimulent la croissance cellulaire – y compris celle des cellules cancéreuses". Depuis les années 1980, les scientifiques soupçonnent les AINS de protéger contre certains cancers.
Une étude de 2025 s’est penchée sur le lien entre l’ibuprofène et le cancer de l’endomètre, à savoir "le cancer le plus fréquent de l’utérus, touchant surtout les femmes après la ménopause", et le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme. Les données de plus de 42.000 femmes âgées de 55 à 74 ans ont ainsi été analysées sur douze ans. Résultat : celles qui prenaient "au moins 30 comprimés d’ibuprofène par mois" présentaient "un risque réduit de 25 %" de développer ce type de cancer par rapport à celles qui en prenaient moins de quatre. L’effet protecteur semblait particulièrement fort chez les femmes atteintes de maladies cardiaques.
Ce n’est pas tout : selon d’autres études, l’ibuprofène semble également impliqué dans la prévention d’autres cancers, comme ceux du côlon, du sein, du poumon et de la prostate. En effet, en réduisant l’inflammation chronique, le médicament "affaiblirait les gènes qui aident les cellules tumorales à survivre", tels que HIF-1α ou NFκB.
Gare à l’automédication
Les résultats doivent toutefois être nuancés, tempèrent les chercheurs. Certaines études ont en effet observé "une hausse du risque de mortalité" chez les patientes prenant des AINS après un diagnostic de cancer. D’autres suggèrent par ailleurs que leur usage prolongé pourrait augmenter le risque de cancer du rein. Les experts appellent plus généralement à la prudence car, au-delà du cancer, "l’automédication à long terme avec des AINS peut provoquer des ulcères, des hémorragies digestives ou des atteintes rénales." Si ces pistes se confirment, l’ibuprofène pourrait un jour "s’intégrer dans une stratégie de prévention ciblée", notamment chez les personnes à risque. Mais d’ici là, la meilleure arme reste la prévention classique : "Manger sainement, bouger régulièrement et écouter son médecin, avant de sortir la boîte d’ibuprofène."