ARNm
Vaccin anti-covid : il aiderait les patients atteints d’un cancer à vivre plus longtemps
Les patients souffrant d’un cancer du poumon ou d’un mélanome traités par immunothérapie ayant été vaccinés avec le vaccin ARNm contre la Covid-19 survivent plus longtemps que ceux n’ayant pas eu de dose.

- Par Sophie Raffin
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Le vaccin à ARN messager (ARNm) mis au point pour lutter contre la Covid-19, n’aiderait pas uniquement le système immunitaire à lutter contre le coronavirus. Il serait aussi capable d’aider les patients atteints d’un cancer à vivre plus longtemps, selon la présentation faite au Congrès de la Société européenne d'oncologie médicale, organisé à Berlin du 17 au 21 octobre 2025.
Vaccin anti-covid et cancer : un temps de survie presque doublé pour les vaccinés
Les chercheurs des universités de Floride et du Texas ont repris les dossiers médicaux des plus de 1.000 patients soignés pour un cancer du poumon non à petites cellules de stade 3 et 4 ou encore d’un mélanome métastatique entre 2019 et 2023. Il s’agit de maladies où les pronostics sont particulièrement sombres. Par exemple, les chances de survie à 5 ans d’un cancer du poumon sont inférieures à 15 % tous les stades confondus.
Les analyses ont montré que les malades qui avaient reçu un vaccin anti-covid dans les 100 jours suivant le début de leur immunothérapie, ont vécu beaucoup plus longtemps que les patients qui n’avaient pas eu de dose du vaccin à ARNm.
Pour les malades souffrant d’un cancer du poumon, "la vaccination a été associée à un quasi-doublement de la médiane de survie, passant de 20,6 mois à 37,3 mois", notent les experts dans leur communiqué. La survie était aussi prolongée pour les personnes ayant leur dose de vaccin anti-covid passant de 26,7 mois en moyenne à "une fourchette de 30 à 40 mois". "Au moment de la collecte des données, certains patients étaient encore en vie, ce qui signifie que l'effet du vaccin pourrait être encore plus marqué", ajoutent les auteurs.
Autre constat : l’administration de vaccins contre la pneumonie ou la grippe sans ARNm n’a entraîné aucun changement dans la longévité.
"Bien que le lien de cause à effet n'ait pas encore été prouvé, c'est le type de bénéfice thérapeutique que nous recherchons et espérons obtenir avec les interventions thérapeutiques, mais qui est rarement obtenu", explique Dr Duane Mitchell, directeur de l'Institut des sciences cliniques et translationnelles de l'université de Floride, dans un communiqué. "Je pense qu'il est primordial et urgent de réaliser ce travail de confirmation."Cancer : vers un vaccin ARN messager universel prolongeant la survie ?
En attendant les travaux de confirmation, les chercheurs ont déjà lancé une expérience avec des souris souffrant de cancers. Les tests ont montré que le vaccin ARNm anti-covid aidait à rendre les tumeurs insensibles à l’immunothérapie en un cancer réactif au traitement, freinant ainsi la croissance tumorale.
"L’un des mécanismes par lesquels cela fonctionne est que lorsque vous administrez un vaccin à ARNm, cela agit comme une poussée qui déplace toutes ces cellules immunitaires des mauvaises zones comme la tumeur vers les bonnes zones, par exemple les ganglions lymphatiques", explique Dr Elias Sayour qui a travaillé sur cette étude.Si les résultats de ces travaux sont confirmés, ils ouvriraient la porte à de nouvelles pistes thérapeutiques ou encore à un vaccin universel non-spécifique améliorant la survie des malades touchés par le cancer. "Si cela peut doubler ce que nous réalisons actuellement, ou même progressivement – de 5 % à 10 % - cela signifie beaucoup pour ces patients, surtout si cela peut être exploité sur différents cancers pour différents patients", conclut le Dr Sayour.