Pneumologie

Prise en charge de la tuberculose : à différencier chez la femme et chez l'homme ?

Un rôle peu connu du sexe existerait dans la présentation clinique et le résultat thérapeutique au cours de a tuberculose. Cette effet a jusque-là été peu exploré. Une étude indienne a donc fait le point sur les différences entre les genres dans la présentation clinique de la tuberculose, l’exposition aux médicaments et les résultats du traitement antituberculeux.

  • 20 Oct 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2022 dans CHEST, a cherché a démontré l’existence de différences entre les deux sexes dans les manifestations cliniques et la réponse au traitement de la tuberculose. Il s’agit d’une étude de cohorte, prospective, réalisée en Inde.

    Au total, 1541 sujets atteints de tuberculose ont été inclus, et 37% d’entre eux étaient des femmes. Parmi les 744 patients suivis prospectivement, 261, soit 35%, étaient des femmes. Les auteurs ont évalué les facteurs de risque de résultat défavorable comportant les échecs initiaux, les récidives et les décès, stratifiés par sexe ainsi que l’effet du sexe sur la pharmacocinétique des antibiotiques suivants : rifampicine, pyrazinamide et isoniazide.

    Des différences cliniques et pharmacocinétiques à explorer

    Les auteurs de ce travail sont partis du postulat qu’il existe un rôle des différences entre les sexes sur la présentation clinique, la pharmacocinétique des médicaments antituberculeux et les résultats du traitement mais que celui-ci n’a jamais été clairement démontré. Les résultats de cette étude montrent que les femmes avaient un risque plus faible que les hommes d’avoir une charge bactérienne élevée.

    Les personnes de sexe féminin ont également un risque plus faible d’évolution défavorable sous traitement car elles ont un risque de récidive significativement plus faible. Les auteurs ont également observé que les résultats défavorables qui ont été observés chez les femmes concernaient celles qui avaient une forme cavitaire de la maladie tandis que chez les hommes l’évolution défavorable était davantage liée à des facteurs extrinsèques tels que la consommation alcool, un indice de masse corporelle élevé et  l’hémoglobine glyquée.

    Une stratégie qui doit tenir compte du sexe

    Concernant la pharmacocinétique, les auteurs de ce travail ont observé que la concentration maximale d’isoniazide est significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Ces résultats n’ont pas été retrouvés avec la rifampicine pas plus qu’avec la pyrazinamide. Ils ont donc conclu, que les femmes ayant une charge bactérienne plus faible que les hommes, elle sont plus exposées aux médicaments et donc moins susceptibles d’avoir une mauvaise réponse au traitement.

    Ainsi, ces résultats doivent conduire à une réflexion concrète sur la stratégie thérapeutique afin d’améliorer les chances de succès du traitement, en tenant compte des facteurs de risque liés au sexe et significativement différents ainsi que de la pharmacocinétique des molécules utilisées. 

    En conclusion, des différences entre les deux sexes semblent exister dans la présentation clinique de la réponse au traitement au cours de la tuberculose et ces différences doivent être prises en compte dans la stratégie thérapeutique. Toutefois, de nouvelles études sont nécessaires pour conforter et préciser ces résultats.

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    JDF