Onco-dermatologie

Mélanome réfractaire : intérêt des lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL)

Le traitement par lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL) améliore de manière significative la survie sans progression chez les patients avec mélanome avancé, la grande majorité étant réfractaire aux anti-PD-1.

  • Peddalanka Ramesh Babu/istock
  • 12 Sep 2022
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    Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire et les thérapies ciblées sont devenus le standard dans le traitement du mélanome avancé. Ils ont considérablement amélioré le pronostic des patients, même si près de la moitié des patients traités n’auront pas de bénéfice durable. Les thérapies cellulaires par CAR-T cells ont eu un impact considérable dans le traitement des hémopathies, mais les progrès dans les tumeurs solides se sont avérés plus difficiles. Il est donc nécessaire de trouver de nouvelles options thérapeutiques pour ces malades.

    Dans un premier essai multicentrique de phase III, randomisé, comparant l'ipilimumab aux lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL), cette nouvelle thérapie cellulaire démontre un résultat supérieur à l'immunothérapie chez les patients atteints de mélanome avancé. Ces résultats ont été présentés en Late-Breaking lors du Congrès 2022 de la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO).

    Phase III versus immunothérapie

    Sur 168 patients, la majorité (86%) étaient réfractaires au traitement anti-PD-1. Ils ont été randomisés entre TIL (n=84) et ipilimumab (n=84).

    Avec un suivi médian de 33,0 mois, la médiane de survie sans progression (SSP) est de 7,2 mois pour les TIL (IC à 95%, 4,2 - 13,1), contre 3,1 mois (IC à 95 %, 3,0 - 4,3) pour l'ipilimumab (HR : 0,50 ; IC à 95 %, 0,35 - 0,72 ; p<0,001).

    Le RR global est de 49% (IC à 95 %, 38% - 60%) pour les TIL et de 21% (IC à 95 %, 13% - 32%) pour l'ipilimumab, avec 20% (IC à 95%, 12% - 30%) et 7% (IC à 95%, 3% - 15%) de réponses complètes, respectivement.

    La médiane de la survie globale pour les TIL est de 25,8 mois (IC à 95%, 18,2 - non atteint) et de 18,9 mois (IC à 95%, 13,8 - 32,6) pour l'ipilimumab (HR : 0,83 ; IC à 95%, 0,54 - 1,27] ; p=0,39).

    Il n'y a pas eu de nouveaux problèmes de sécurité avec les TIL par rapport aux études de phase I-II : des événements indésirables de grade ≥ 3 liés au traitement sont survenus chez tous les patients TIL et 57% des patients ipilimumab.

    Une nouvelle thérapie cellulaire

    La thérapie cellulaire utilisée dans cet essai était composée de lymphocytes adoptifs infiltrant la tumeur (TIL), qui ont été fabriqués individuellement pour chaque patient, tout comme les CAR T cells le sont pour les patients atteints d’hémopathies.

    Toutefois, le processus est quelque peu différent, car les TIL sont fabriqués à partir de lymphocytes qui ont infiltré la tumeur du patient et sont obtenus lors d’une intervention chirurgicale sur la tumeur, alors que les cellules CAR-T sont fabriquées à partir de cellules lymphocytaires T du sang circulant.

    Une nouvelle approche

    Selon différents experts à l’ESMO, cet essai, qui a randomisé les patients entre les TIL et l'ipilimumab en phase III, démontre un bénéfice intéressant en termes de survie sans progression et de taux de réponse global et il devrait permettre établir les lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL) comme une stratégie thérapeutique viable pour les patients résistant à l’immunothérapie de type PD-1/PD-L1.

    Le traitement par lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL) deviendra probablement un nouveau standard de traitement des mélanomes métastatiques réfractaires aux anti-PD-1/PD-L1, mais il est important de déterminer désormais la persistance de l'activité antitumorale et de voir s'il existe des biomarqueurs qui pourraient aider à la sélection des patients compte tenu du coût de ce traitement.

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    JDF