Rhumatologie

PR, Lupus : rôle cardioprotecteur de l’hydroxychloroquine ?

Par rapport à une prise ancienne et à la non-prescription, un risque cardiovasculaire plus faible serait associés à la prise durable d'hydroxychloroquine dans une cohorte associant des lupus et des polyarthrites rhumatoïdes.

  • BartekSzewczyk/istock
  • 27 Jan 2022
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    Selon une étude publiée dans Arthritis Care & Research, l'utilisation durable et persistante de l'hydroxychloroquine chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ou de lupus érythémateux disséminé serait associée à une réduction du risque d'événements cardiovasculaires, y compris les accidents vasculaires cérébraux ischémiques et les infarctus du myocarde. Cette réduction du risque n’est pas observée en cas de prise ancienne interrompue depuis plus d’un an, de prise récente ou d’absence de prescription.

    Cette association avec corrélation temporelle est en faveur des possibles effets cardioprotecteurs de l'hydroxychloroquine chez les patients souffrant de lupus et de polyarthrite rhumatoïde.

    Une réduction significative

    Pour analyser le lien temporel entre la prise d'hydroxychloroquine et les événements cardiovasculaires chez les patients atteints de lupus ou de PR, une équipe de chercheurs américains et canadiens a mené une étude cas-témoins temporelle à partir de cohortes de patients atteints de l'une ou l'autre maladie.

    Par rapport aux malades qui ont arrêté l'hydroxychloroquine depuis plus d’un an, la réduction du risque d’événements cardiovasculaires combinés serait de 24% chez les malades qui prennent encore de l’hydroxychloroquine (OR conditionnels ajustés, ou cOR, de 0,86 ; IC à 95%, 0,77-0,97), pour l'infarctus du myocarde la réduction du risque est de 12% (cOR=0,88 ; IC à 95%, 0,74-1,05), pour l'accident vasculaire cérébral la réduction du risque est de 13% (cOR=0,87 ; IC à 95%, 0,74-1,03) et pour une thrombose veineuse ou une embolie pulmonaire la réduction du risque est de 26% (cOR=0,74 ; IC à 95%, 0,59-0,94).

    Par ailleurs, les utilisateurs récents d'hydroxychloroquine (cOR = 0,93 ; IC à 95 %, 0,77-1,13) et les utilisateurs occasionnels (cOR = 0,96 ; IC à 95%, 0,88-1,04) ont des risques d'événements cardiovasculaires combinés similaires à ceux des malades qui ont arrêté l'hydroxychloroquine depuis plus d’un an (utilisateurs anciens).

    Une étude cas-contrôle

    Pour leur population d’étude, les chercheurs ont utilisé les bases de données administratives « Population Data BC », qui comprennent des informations démographiques et de soins de l'ensemble de la population de la Colombie-Britannique, au Canada, soit plus de 5 millions de personnes.

    À partir des populations adultes de ces bases, les chercheurs ont identifié 6 241 lupus et 64 012 polyarthrites rhumatoïdes. Ils ont ensuite identifié dans ces cohortes, les malades ayant eu des événements cardiovasculaires incidents, notamment un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral, une thrombose veineuse ou une embolie pulmonaire. Chaque cas a été apparié avec deux à trois patients-témoins sans événement cardiovasculaire incident, en fonction de l'âge, du sexe et de la maladie rhumatismale. Au total, les études ont permis d'identifier 10 268 patients ayant eu un événement cardiovasculaire et 29 969 sans événement.

    Les malades sont définis comme des utilisateurs actuels d’hydroxychloroquine s'ils en prennent encore à la date d’inclusion, ou si la prise s'est terminée dans les 90 jours précédents. L'utilisation récente est définie comme une prise d’hydroxychloroquine se terminant entre 91 et 365 jours avant la date d’inclusion, tandis que les patients sont des utilisateurs anciens si leur traitement se termine plus de 365 jours avant la date d’inclusion. Les patients sont classés comme n'ayant jamais utilisé d'hydroxychloroquine s'ils n’ont jamais reçu de prescription.

    Une corrélation temporelle

    La prise d'hydroxychloroquine a été associée dans le passé à une réduction de plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires et métaboliques : amélioration des profils lipidiques, réduction de l'hyperglycémie et diminution du risque de développer un diabète de type 2 chez les patients atteints de lupus ou de PR traités. En outre, l'utilisation de l'hydroxychloroquine a été associée à une réduction du risque de thrombose veineuse chez les patients atteints de lupus dans de petites études.

    La prise d'hydroxychloroquine est donc associée à un risque plus faible d'événements cardiovasculaires ainsi qu'à un risque plus faible de thrombose veineuse et à une tendance à la diminution des risques d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral ischémique. Ces associations sont également observées de façon significative dans le sous-groupe large des patients PR, mais la différence n’est pas significative dans le sous-groupe plus petit des patients lupiques.

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    JDF