Nutrition

Jeûne intermittent et obésité : lequel a les meilleurs bénéfices cardiométaboliques ?

Une méta-analyse de 99 essais randomisés (n = 6582) montre que tous les régimes de jeûne intermittent et la restriction calorique continue entraînent une perte de poids versus alimentation ad libitum. L’alternate-day fasting (ADF ou jeûne un jour sur 2) serait le seul schéma à faire légèrement mieux que la restriction continue à court terme, mais l’avantage s’estomperait au-delà de 24 semaines.

  • Sasithorn Phuapankasemsuk/istock
  • 20 Jun 2025
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    Le fardeau croissant de l’obésité, de l’hyperglycémie et de l’hypertension oriente la recherche vers des stratégies alimentaires durables. Face aux limites d’adhésion à la restriction calorique continue (CER), le jeûne intermittent – incluant le time-restricted eating (TRE), l’alternate-day fasting (ADF ou jeûne un jour sur 2) et le whole-day fasting (WDF) – gagne du terrain. Pour clarifier ses effets, l’EASD a mené une méta-analyse en réseau de 99 essais qui est publiée dans The BMJ.

     Par rapport à une alimentation ad libitum, chaque modalité de jeûne et la CER réduisent le poids, la différence absolue allant de -1,8 kg à -4,6 kg sur des suivis majoritairement < 24 semaines. Seul l’ADF devance la CER : –1,29 kg (IC95 % -1,99 à -0,59 ; certitude modérée). Dans les comparaisons indirectes, l’ADF amincit également plus que le TRE (-1,69 kg) et le WDF (-1,05 kg).

    Bénéfice cardiométabolique au-delà du poids

    Au-delà du poids, l’ADF abaisse le BMI (-0,46 kg/m²), le cholestérol total (-0,25 mmol/L), les triglycérides (-0,18 mmol/L) et le non-HDL (-0,27 mmol/L) vs TRE, tandis que le WDF ne surpasse le TRE que pour le cholestérol total (-0,22 mmol/L). Aucun schéma ne montre d’avantage net sur HbA1c ou HDL, et les réductions tensionnelles restent modestes (-2 à -3 mm Hg).

    Les analyses limitées aux essais ≥ 24 semaines (n = 17) ne conservent plus que l’effet commun de tous les régimes versus ad libitum, suggérant une érosion des différences spécifiques avec le temps. Côté tolérance, les signaux d’événements indésirables sérieux ne diffèrent pas entre stratégies ; l’adhésion décroît néanmoins après six mois, pointant un défi pratique majeur.

    Des essais cliniques hétérogènes et courts

    Les données proviennent d’essais randomisés hétérogènes (720 sujets sains, 5862 porteurs de comorbidités métaboliques) menés sur trois continents, avec des durées médianes de 12 semaines et une forte variabilité des protocoles énergétiques et fenêtres alimentaires. Le recours à l’analyse en réseau compense l’absence de comparaisons directes entre schémas, mais la certitude GRADE reste faible à modérée, pénalisée par les différences et la petite taille de nombreux essais.

    Selon les auteurs, ces résultats plaident pour considérer le jeûne intermittent, notamment je jeûne un jour sur 2 chez des patients motivés, comme une option non pharmacologique équivalente à la restriction calorique continue pour la gestion pondérale et le risque cardiométabolique à court terme. Toutefois, l’absence de supériorité durable, la baisse d’adhésion et le manque de données au-delà d’un an imposent de réserver ces régimes à des programmes encadrés, avec suivi nutritionnel et contrôle des pathologies associées.

    Les futurs essais devront dépasser 52 semaines, comparer directement les trois schémas de jeûne, intégrer des indicateurs de qualité de vie et explorer le couplage à la pharmacothérapie (agonistes du GLP-1) pour optimiser la prise en charge de l’obésité et du diabète de type 2.

     

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