Pneumologie

Protéinose alvéolaire auto-immune : grande fréquence des infections opportunistes

La fréquence élevée d'infections opportunistes en cas de protéinose alvéolaire auto immune, notamment de nocardiose doit encourager à les dépister dès le diagnostic de la maladie. Les anticorps anti GM-CSF ont un rôle non négligeable dans les désordres immunitaires et une piste de traitement par aérosols de GM-CSF est envisagée. D’après un entretien avec Stéphane JOUNEAU.

  • 16 Nov 2023
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    Deux études, dont les résultats sont parus en octobre 2023, dans Thorax se sont penchées sur la protéinose alvéolaire auto-immune et le rôle du GM-CSF dans sa prise ne charge. La première étude, franco-belge est une étude de cohorte rétrospective, qui a évalué plus spécifiquement le versant infectieux de cette pathologie, grâce aux compétences du Centre National des anticorps anti-GM-CSF, situé à Rennes. Les auteurs sont observé, entre 2008 et 2018, tous les patients atteints de protéinose alvéolaire. Sur les 141 patients malades, 109 avaient un dossier accessible et 104 étaient de vraies protéinoses alvéolaires auto-immunes. La seconde étude  a cherché à mieux comprendre le rôle du GM-CSF dans la protéinose alvéolaire afin de déterminer sa place dans l’augmentation du risque d’infections, notamment opportunistes.

     

    Chercher une infection dès le diagnostic de protéinose

    Le professeur Stéphane JOUNEAU, chef du service de Pneumologie, du Centre Hospitalier Universitaire de Rennes, et auteur de l’étude de cohorte rétrospective,  rappelle que la protéinose alvéolaire auto-immune est une maladie très rare qui relève des centres de compétences respiratoires. Si le diagnostic et la prise en charge sont suffisamment rapides, la mortalité reste très faible, ce qui représente un enjeu pour les pneumologues. Il souligne qu’il existe peu de grandes séries sur le sujet, en dehors d’études épidémiologiques japonaises qui ne rapportent pas d’éléments cliniques. Stéphane JOUNEAU rapporte que sur les 104 patients inclus dans cette étude, 69 étaient atteints d’infection opportuniste ou non, dont 10 cas de nocardiose.  Il rappelle que le type de bactérie responsable de la nocardiose n’est jamais retrouvé si on ne le cherche pas spécifiquement, et que les atteintes pulmonaires et cérébrales que cette infection opportuniste peut provoquer sont potentiellement léthales. Il souligne également que le seul paramètre qui serait associé à la plus grande fréquence des infections opportunistes est le sexe masculin, quels que soient les différents types de traitements. D’autre part, les résultats ont également montré que plus le taux d’anticorps anti-GMCSF était élevé, plus le risque de développer une nocardiose est augmenté. Au total, 9 patients sont décédés et un seul en raison d’une infection de type pneumopathie à pyocyanique. Stéphane JOUNEAU insiste donc sur l’importance de rechercher les infections, y compris spécifiques, dès le diagnostic de protéinose alvéolaire.

     

    Une efficacité des aérosols de GM-CSF ?

    Stéphane JOUNEAU explique que la seconde étude, qui s’intéresse au rôle du GM-CSF, est une mise en perspective de leur étude de cohorte. Les auteurs ont monté, qu’au-delà d’un dépôt de surfactant sur les alvéoles, des désordres immunitaires sont présents. La dédifférenciation des macrophages alvéolaires par les anticorps anti GM-CSF provoquent l’absence de recyclage du surfactant et les dépôts protéiniques. Or, les macrophages font partie de l’immunité innée et leurs altérations diminuent la clairance de la phagocytose et augmente donc la susceptibilité aux infections. Deux études sur l’efficacité des aérosols de GM-CSF ont montré une efficacité dans la défense des infections, notamment des mycobactéries atypiques et de la tuberculose, ce qui démontre le rôle du GM-CSF dans la défense contre les infections. D’autres essais ont en cours pour démontrer l’efficacité du GM-CSF dans la diminution de la charge bactérienne, chez les patients atteints de mucoviscidose.

     

    En conclusion, la recherche des infections, notamment opportunistes, chez ls patients atteints de protéinose alvéolaire doit être précoce et systématique. Des essais sur un  traitement par aérosols de GM-CSF ouvre de belles voies à la pise en charge de cette pathologie peu fréquente, et rarement mortelle lorsqu’elle est diagnostiquée et traitée précocement.

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    JDF