Pneumologie

La thymectomie : pas si anodine…

La thymectomie semble être associée à un risque de mortalité multiplié par trois, toutes causes confondues ainsi qu’à un risque accru de cancer et de maladie auto-immune. Des désordres immunitaires liés au lymphocytes T et aux cytokines ont été observés chez les patients ayant subi une thymectomie.

  • 07 Sep 2023
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    Une étude américaine, dont les résultats sont parus en août 2023 , dans le New England Journal of Medicine, a cherché à évaluer les conséquences de la thymectomie sur le risque de décès, de cancers et de maladies auto-immunes. Pour cela , les auteurs ont inclus 1420 sujets ayant subi une thymectomie et 6021 cas témoins. Au total, 1146 patients ayant eu une thymectomie ont été appariés démographiquement à des témoins ayant subi une chirurgie cardio-thoracique semblable mais sans thymectomie.  Les auteurs de ce travail ont ensuite comparé les taux de mortalité toutes cause confondues ainsi que  les taux de survenue de cancers et de maladies auto-immunes. Ils ont également comparé la production de lymphocytes T et les taux de cytokines plasmatiques de chacun des sous-groupes de patients. Les résultats ont été évalués entre 5 et 15 ans après la chirurgie du thymus.

     

    Cancer et maladies auto-immunes après thymectomie

    Les auteurs de cette étude sont partis de l’hypothèse que le thymus est nécessaire chez l’adulte pour le maintien des fonctions immunitaires, même si la fonction du thymus chez les adultes n’est pas clairement établie. Les conséquences de l’ablation systématique du thymus en cas de thymome ou dans d’autres interventions chirurgicales cardiothoraciques n’ont jamais été évaluées et ne sont probablement anodines. Les résultats ont montré qu’à 5 ans, le risque de cancer était significativement augmenté et que le risque de maladie auto-immune était également accru, après exclusion des patients ayant eu une infection préopératoire, un cancer ou une maladie auto-immune au préalable. Les auteurs ont également démontré que la production de lymphocytes CD4+ et CD8+ était affaiblie chez les patients ayant eu une thymectomie par rapport aux témoins. Les taux sanguins de cytokines pro- inflammatoires étaient plus élevés chez le patients ayant subi une thymectomie.

     

    Une hausse de la mortalité toutes causes confondues

    Concerna la mortalité,  les résultats ont montré qu’elle a été plus élevée, toutes causes confondues, chez les patients ayant eu une thymectomie que dans le groupe témoin et dans la population générale des USA. La mortalité par cancer a également été plus élevée dans le groupe ayant eu une thymectomie. Les auteurs n’ont pas démontré de lien avec les modifications des facteurs immunitaires au cours de cette étude. Ceci devra faire l’objet d’un autre travail qui permettra de préciser les causes de cette augmentation de risque chez les patients ayant subi une thymectomie. Les résultats de ce travail remettent en question le rôle non négligeable du thymus chez l’adulte et les indications à son ablation systématique.

     

    En conclusion, la thymectomie, réalisée lors de chirurgie cardio-thoracique, n’est pas sans conséquence puisqu’elle augmente la mortalité et le risque de cancer et/ou de maladies auto-immunes chez les sujets opérés. La discussion de l’ablation du thymus doit donc être systématiquement réalisée et d’autres travaux devront permettre de mieux comprendre ces résultats.

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    JDF