À ce jour, les États-Unis ont dépassé le million de décès liés à la Covid-19, un chiffre assez peu sous-estimé, ce qui n’est pas le cas de nombreux autres pays. Rapporté à la population, le classement s’améliore mais reste supérieur à celui des pays développés à population comparable.

Les États-Unis ont désormais enregistré plus d'un million de décès en rapport avec la Covid-19, le chiffre théoriquement le plus élevé au monde.

Mais un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a analysé les surmortalités pendant la pandémie, montre que plusieurs autres pays auraient enregistré un nombre plus élevé de décès que les États-Unis au cours des deux années de la pandémie. Selon l'OMS, en 2020 et 2021, les États-Unis auraient enregistré plus de 930 000 décès excédentaires, derrière l'Inde (4,7 millions), la Russie (1,1 million) et l'Indonésie (1 million),. C'est pourquoi l'OMS estime la surmortalité liée à la pandémie comprise entre 13,3 et 16,6 millions de morts dans le Monde.

Ces chiffres ont été calculé par l’OMS, en utilisant les décès en excès par rapport aux décès officiels de la Covid-19. Selon cette étude, les États-Unis sous-évalueraient les décès liés à cette maladie d'environ 15%. Cette sous-évaluation résulterait essentiellement du défaut de prise en compte initial des décès dans les maisons de retraites en raison de l’absence initiale de tests PCR. Mais, dans l'ensemble, les États-Unis ne manquent pas beaucoup de décès, ce qui n’est pas le cas d’autres pays comme l'Inde, la Russie, le Brésil ou le Mexique, où l’on est pas loin du n’importe quoi, soit par insuffisance des tests, soit par sous-évaluation délibérée à caractère politique.

Les décès aux États-Unis supérieurs à la moyenne mondiale

Il n'existe pas de norme internationale pour mesurer les décès ou leurs causes, et les pays enregistrent les décès de différentes manières. Ceci rend les comparaisons difficiles, voire franchement hasardeuses. De nombreux pays publient des données sur les décès supplémentaires, mais certaines nations plus pauvres ne le font pas ou le font beaucoup moins fréquemment.

Mais, en l’absence de tests Covid-19 fiables ou faits systématiquement, les experts internationaux, dont ceux de l’OMS, estiment que l'une des mesures les plus précises de la mortalité liée à la Covid-19 est d’évaluer le nombre de décès supplémentaires enregistrés dans un pays par rapport au nombre de personnes qui sont décédées au cours de la moyenne des 2 ou 3 années précédentes.

Le rapport de l'OMS a calculé le nombre de décès excédentaires de chaque pays pour les 2 premières années de la pandémie, 2020 et 2021. Cette mesure tient également compte des décès qui ne sont pas directement dus à la Covid-19, mais qui sont une conséquence de la pandémie, comme le fait que des personnes n'ont pas pu accéder à des hôpitaux débordés par les malades Covid-19 pour recevoir les soins dont elles avaient besoin.

Meilleur classement après ajustement sur la population

Au-delà de ces chiffres bruts de surmortalité, il est nécessaire de les rapporter à la taille de la population. Ainsi, si ajuste les décès 2020-2021 en excès sur la taille de la population, les États-Unis reculent dans le classement avec 140 décès en excès pour 100 000 personnes.

Selon les données de l'université Johns Hopkins, les États-Unis se classeraient au 18e rang mondial pour ce qui est du nombre de décès pour 100 000 habitants en rapport avec la Covid-19, loin derrière le Pérou et la Russie, derrière l’Inde et le Brésil, mais devant l’Italie (133 pour 100 000), l’Allemagne (116 pour 100 000), la Grande-Bretagne (109 pour 100 000), et loin devant la France (63 pour 100 000) qui est en-dessous de la moyenne mondiale (96 pour 100 000) et qui est au même niveau que la Suède (56 pour 100 000), elle-même très au-dessus de ses voisins).

Cependant ces chiffres rapportés à la population restent bien au-dessus de la moyenne mondiale, qui est de 96 pour 100 000 habitants. De plus, selon ces mêmes chiffres, les États-Unis sont également l'un des pays développés les moins performants, à population d’âge équivalent et à population vaccinées avec essentiellement les mêmes vaccins à ARNm. Si l'on compare les États-Unis avec l'Espagne, le Royaume-Uni et la France, ainsi qu'avec le Canada, les États-Unis obtiennent de nettement moins bons résultats que ces pays dont les populations sont aussi âgées et ont reçu quasiment les mêmes vaccins.

Plusieurs éléments d’explication

Une récente étude nationale des Centers for Diseases Control américains parue dans The BMJ a montré que la couverture vaccinale est essentielle à la réduction de la mortalité en vie réelle : les comtés qui ont la couverture vaccinale la plus élevée ont moins de cas et de décès Covid-19 par habitant. Les États-Unis ayant un taux de vaccination moins bon que les pays européens, il est clair que beaucoup plus de vies auraient pu être sauvées si la couverture vaccinale de la population avait été encore plus élevée.

Il y a eu certes des positions politiques partisanes qui ont obéré dans certains comtés, et surtout certains états américains, la couverture vaccinale mais, même dans ces états, les populations les plus fragiles ont la plupart du temps été vaccinées, ce dont témoignait l’assez bonne protection obtenue dans les comtés vaccinés à moins de 50%. Mais il n’est pas exclu que le pourcentage d’obèses dans la population américaine, qui reste plus élevé qu’en France et en Europe, ait joué un rôle dans cette surmortalité des États-Unis par rapport au Canada, à l’Europe et à la France.

Au final, selon la BBC, avec un million de mort de la Covid-19, les États-Unis ne sont pas le pays qui a le plus lourd bilan Covid-19, mais ils font moins bien que les autres pays développés avec une population d’âge équivalent, alors qu’ils ont mis à disposition les premiers les vaccins les plus performants et les antiviraux les plus efficaces.