Rhumatologie
Ostéoporose : pas d’augmentation du risque cardiovasculaire sous denosumab
Dans le cadre d’une demande de l’Agence européenne du médicament, une très large étude cas-témoin montre que le dénosumab n’augmente pas le risque cardio- ou cérébrovasculaire par rapport à un bisphosphonate.
- Ridofranz/istock
Différentes publications de qualité variables ont évoqué un risque cardio-vasculaire ou cérébrovasculaire de certaiins traitements contre l'ostéoporose. L’Agence européenne du médicament (EMEA) a donc demandé aux différents laboratoires produisant des traitements contre l'ostéoporose, dont le laboratoire Amgen, d'évaluer le risque potentiel de ces événements dans une étude post-AMM en vie réelle.
Dans une très large étude réalisée sur 2 grandes bases de données de traitement aux États-Unis, le dénosumab, un anti-RANKL, n’a pas de risque supplémentaire de maladie cardiovasculaire ou d'accident vasculaire cérébral, dans le cadre d’un traitement anti-ostéoporotique, par rapport à l'acide zolédronique, un bisphosphonate IV appartenant à une classe qui n’en a pas. C’est ce qui ressort de l’étude présentée lors du congrès annuel 2022 de l'American Society for Bone and Mineral Research.
Pas de majoration du risque
Comparé à l'acide zolédronique, le dénosumab n'a pas d'impact significatif sur le risque d'infarctus du myocarde à 36 mois, que ce soit dans la base de données médicales Optum (RR ajusté 0,97, IC à 95% 0,63-1,32) ou dans la base de données MarketScan (aRR 1,22, IC à 95% 0,77-1,66).
Les résultats sont similaires vis-à-vis de l'incidence des accidents vasculaires cérébraux (aRR 0,87 dans la base de données Optum, IC à 95% 0,56-1,17, et aRR 1,00 dans les données MarketScan, IC à 95% 0,61-1,40).
Des résultats similaires sont observés lorsque l’analyse sur les accidents vasculaires cérébraux est restreinte aux seuls accidents vasculaire cérébraux ischémiques et lorsque le décès est traité comme un risque dans les analyses d'Optum, qui disposait d'informations sur le décès.
Large étude rétrospective cas-témoin
L'étude rétrospective a été menée sur les deux principales bases de données américaines concernant les demandes de remboursement des traitements, identifiant les hommes et les femmes (90%) âgés d'au moins 55 ans et ayant commencé un traitement avec deux classes différentes d'agents antirésorptifs - soit le dénosumab, un inhibiteur du RANKL, soit l'acide zolédronique, un bisphosphonate.
L'étude a porté sur les personnes ayant pris l'un ou l'autre de ces agents entre octobre 2010 et fin juin 2019, soit l’analyse des cas d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral chez 73 127 patients d'Optum (suivis pendant 350 jours en moyenne), et chez 96 611 personnes de la base de données MarketScan (suivi moyen de 385 jours). Il y a eu environ 500 infarctus du myocarde et 715 accidents vasculaires cérébraux dans les deux bases de données.
Une étude rassurante
La taille des bases de données est l'un des points forts de l'étude, puisqu’elle est suffisamment longue (9 ans) pour pouvoir notifier tous les évènements ultérieurs au traitement, et les résultats sont cohérents et robustes à travers de multiples analyses de sensibilité.
Ces résultats confirment qu'il n'y a pas de différence quant à un n potentiel risque d’infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral entre le dénosumab et l'acide zolédronique. Ils sont donc rassurant si tant est que l’on était inquiet car personne n'a observé d'événements cardiovasculaires avec les traitements anti-ostéoporotiques dans la pratique clinique. Des différences ont pu apparaître dans les études de développement avec les antisclérostines, mais versus alendronate, un bisphosphonate qui a la réputation de réduire le risque cardiovasculaire en raison de particularités moléculaitres (relargage de NO ?).











