Pneumologie

Chevauchement asthme-BPCO : mauvais pronostic en cas de survenue tardive de l’asthme

Selon une étude de cohorte danoise, les patients atteints d’un syndrome de chevauchement asthme-BPCO auraient un mauvais pronostic quand la survenue de l’asthme est tardive. Cependant, si l’existence de ce syndrome n’est pas contestée, sa définition et l’identification des patients demandent à être précisées.

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  • 01 Septembre 2016
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    Le pronostic à long terme des patients souffrant du syndrome de chevauchement asthme-BPCO, aussi appelé ACOS (asthma COPD overlap syndrome) a été analysé par une équipe de chercheurs danois dans la Copenhagen City Heart Study. Parmi les 8382 participants de cette cohorte de population générale, 2199 n'avaient jamais fumé, 5435 avaient déjà fumé mais n'avaient ni asthme ni BPCO, 158 avaient un asthme, 320 une BPCO, 68 un ACOS avec un asthme de survenue précoce, et 202 un ACOS avec asthme tardif.

    Dans cette étude, les auteurs ont défini l’ACOS de façon épidémiologique par l’existence d’un trouble ventilatoire obstructif comme dans la BPCO chez des personnes ayant un antécédent d’asthme déclaré. Il faut noter que cette définition ne correspond pas à celle donnée dans les nouvelles recommandations GINA-GOLD.

    Dans l'étude danoise, il a donc été décrit deux phénotypes : un ACOS avec un antécédent d’asthme avant et après 40 ans. Le déclin du VEMS a été observé pendant une période de 18 ans et le nombre d’hospitalisations pour exacerbations ainsi que la mortalité pendant 22 ans.

     

    Réduction de l’espérance de vie

     

    Chez les ACOS avec asthme précoce, le déclin du VEMS a été de 27,3 ml par an et ne diffère pas significativement de celui des personnes non fumeuses en bonne santé de la cohorte. En revanche, le déclin du VEMS des ACOS à survenue tardive a été de 49,6 ml par an, supérieur à celui des ACOS avec asthme précoce (p = 0,0001) et à celui observé dans le groupe BPCO (39,5 ml par an, p = 0,003).

    Le taux d’hospitalisations pour exacerbations est supérieur chez les ACOS comparé aux autres groupes. Là encore, le plus élevé est constaté chez les ACOS avec asthme tardif. Enfin, l’espérance de vie est réduite de 9,3 ans chez les ACOS avec asthme précoce, de 12,8 ans chez ceux à asthme tardif, de 10,1 ans chez les personnes avec une BPCO et de 3,3 ans chez les asthmatiques, comparé aux personnes en bonne santé n’ayant jamais fumé.

    Dans cette étude qui permet pour la première fois d’avoir une idée de l’évolution de ces patients sur le long terme, le pronostic des personnes avec un syndrome de chevauchement asthme-BPCO apparaît donc mauvais et semble affecté par un âge d’apparition de l’asthme supérieur à 40 ans. Les auteurs préconisent une surveillance accrue de ces patients.

    D’après un entretien avec le Pr Chantal Raherison, pneumologue au CHU de Bordeaux

    Ecoutez...
    Chantal Raherison, CHU de Bordeaux : « Dans la même étude, on a un recours aux soins avec des exacerbations fréquentes dans ce sous-groupe de patients… »

    Lange P, et al. Long-term prognosis of asthma, chronic obstructive pulmonary disease, and asthma-chronic obstructive pulmonary disease overlap in the Copenhagen City Heart study: a prospective population-based analysis. Lancet Respir Med [Internet]. 2016;

     

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