Onco-sein
Cancer du sein : les statines pourraient réduire la cardiotoxicité de la chimiothérapie
Dans le cancer du sein, le possible rôle des statines dans la prévention de certaines complications cardiaques induites par les anthracyclines et le trastuzumab vient d’être mis en évidence dans une étude canadienne.
- Khosrork/istock
Les statines ne réduiraient pas seulement le taux de cholestérol mais pourraient avoir un effet protecteur contre les complications cardiaques de certains traitements du cancer du sein.
C’est ce qui ressortirait d’une étude canadienne, publiée dans l'American Heart Association Journal, et qui montre une réduction du nombre d'hospitalisation et des consultations en urgence pour insuffisance cardiaque chez les femmes traitées pour un cancer du sein à un stade précoce et sous statine, que ce soit par anthracyclines ou trastuzumab.
Des recherches sont menées depuis longtemps pour tenter de prévenir ce risque, un espoir naît donc pour toutes les femmes traitées.
Etude observationnelle
Sur un suivi de 5 ans, en cas de traitement par anthracyclines associés à la prise de statines, 1,2% des femmes se présenteraient à l'hôpital pour un épisode d'insuffisance cardiaque contre 2,9% en l'absence de prise de statines, la différence est statistiquement significative (p=0,01). Pour le trastuzumab, il s'agit d'une simple tendance sans significativité statistique avec 2,7% des femmes sous statines qui consultent pour insuffisance cardiaque contre 3,7% en l'absence de traitement par statines (p=0,09).
L'étude concerne des femmes de 66 ans et plus, sans antécédent d'insuffisance cardiaque, chez qui un diagnostic récent de cancer du sein à un stade précoce avait été posé. Les femmes exposées et non exposées aux statines ont été appariées grâce à des scores de propension, pour un total de 666 paires de femmes pour le traitement par anthracyclines et 390 pour le trastuzumab.
Rôle protecteur des statines sur les cardiomyocytes
D'un point de vue moléculaire, la cardiotoxicité des anthracyclines et du trastuzumab pourraient être en lien avec le développement d'un stress oxydatif. Celui-ci engendrerait la production d'espèces réactive à l'oxygène (ROS) qui, en médiant une cascade de signalisation, aboutirait à la mort de cardiomyocytes.
Les statines via l'inhibition d'une enzyme actrice de cette cascade de signalisation réduiraient la production de ROS et amélioreraient la survie des cardiomyocytes.
Des résultats encourageants mais à relativiser
L'étude de type cohorte rétrospective est observationnelle. Il n'est donc pas possible de conclure à un lien de cause à effet sur les résultats observés. Ce lien est d'autant plus discutable que d'autres études sur le même sujet n'ont pas mis en évidence de relation entre statines et diminution du risque cardiaque après la prise d'anthracyclines ou trastuzumab.
Un concept à valider
Bien que génératrice d'espoir pour la prévention des complications cardiaques liées à la prise d'anthracyclines ou trastuzumab, cette étude ne démontre en rien la réalité du rôle des statines. La prescription des statines en préventif n'est donc pas encore d'actualité.
Mais déjà un premier pas est franchi, et ces résultats serviront sans aucun doute de socle à la réalisation de futures randomisées à grande échelle indispensables pour conclure à un réel impact des statines.











