Infectiologie

Hydroxychloroquine : 2 études ne plaident pas en faveur d'une efficacité

Deux nouvelles études observationnelles viennent remettre en cause l’utilisation du traitement à base d'hydroxychloroquine pour soigner les malades souffrant de la Covid-19.

  • Marcelo Ricardo Daros/iStock
  • 15 Mai 2020
  • A A

    Un temps perçu comme le traitement miracle pour soigner de la Covid-19, l’hydroxychloroquine, un traitement antipaludéen promu notamment par le professeur Didier Raoult, voit depuis son efficacité remise en cause.

    Une étude observationnelle américaine, menée sur plus de 1 300 patients, a récemment montré que ce traitement n'apporte ni bénéfice ni aggravation dans le cas d'une infection Covid-19. Fin mars, déjà, l’ANSM a alerté sur les effets secondaires du traitement qui peuvent entraîner des problèmes cardiaques.

    Inefficace et avec des effets secondaires indésirables

    Deux nouvelles études, publiées dans la revue médicale britannique BMJ, sont venues appuyer l’inefficacité ou l'absence d'efficacité miraculeuse du traitement à base d'hydroxychloroquine.

    La première, réalisée par des chercheurs français auprès de malades hospitalisés (traitement dans les 2 jours), est une étude observationnelle réalisée chez des malades hospitalisés pour nécessité d'une oxygénothérapie. Elle estime que l’hydoxychloroquine à la dose de 600 mg par jour ne permet pas de réduire de manière significative les risques d’admission en réanimation; ni de décès chez les patients hospitalisés avec une pneumonie Covid-19.
    Cette étude a porté sur 181 patients infectés avec une pneumonie causée par le virus qui a nécessité l’administration d’oxygène. Parmi eux, 84 ont reçu de l’hydroxychloroquine quotidiennement et 97 n’en ont pas pris. Quinze malade du groupe traitement ont reçu de l'azithromycine, ainsi que 26 du groupe contrôle.
    Les résultats montrent que la prise de ce traitement n’a rien changé dans le taux de transfert des patients en réanimation puisque 76% des patients traités à l’hydroxychloroquine étaient en réanimation au bout du 21e jour, contre 75% dans l’autre groupe de patients. Au niveau de la mortalité, c’est le même résultat : le taux de survie au 21e jour était respectivement de 89% et 91%. A noter que les 15 malades du groupe traitement qui ont également reçu de l'azithromycine n'ont eu aucun passage en réanimation ni aucun décès. Parmi les 26 malades du groupe contrôle qui ont reçu de l'azithromycine, 6 sont passés en réanimation et 5 sont décédés.

    La deuxième étude, menée cette fois-ci de façon randomisée en ouvert par des chercheurs chinois, montre que ce traitement (1200 mj/jour pendant 3 jours en dose d'attaque puis 800 mg par jour) ne permet pas d’éliminer le virus plus rapidement que des traitements standards chez des patients hospitalisés avec une forme “légère” ou “modérée” de la Covid-19 et provoque des effets secondaires fréquents. Celle-ci a porté sur 150 patients hospitalisés qui n'ont pas de formes graves de Covid-19. La première moitié s’est vue administrer de l’hydroxychloroquine et l’autre non. Après quatre semaines de traitement, aucune différence notable n’est apparue entre les patients des deux groupes. Cependant, 30% de ceux qui ont reçu le traitement ont souffert d’effets indésirables, principalement la diarrhée, contre 9% chez les patients qui n’en avaient pas pris.

    Un traitement qui n'est pas miraculeux

    Un de ces études n'est pas randomisée mais aucune des 2 ne montre de tendance à un bénéfice qui devrait être visible si celui-ci était de la magnitude énoncée par le Pr Didier Raoult. “Considérés dans leur ensemble, ces résultats ne plaident pas pour une utilisation de l’hydroxychloroquine comme un traitement de routine pour les patients atteints de la Covid-19”, conclut la revue médicale britannique BMJ qui a publié les deux études. Il faudra bien sûr attendre le résultats des essais randomisés pour répondre à cette question définitivement et c''ets bien là le problème.

    L’hydroxychloroquine a reçu une attention planétaire comme traitement potentiel de la Covid-19 après des résultats positifs de petites études. Cependant, les résultats de cette étude n’étayent pas son utilisation chez les malades admis à l’hôpital avec le Covid-19 qui nécessitent de l’oxygène”, estiment de leur côté les chercheurs de plusieurs hôpitaux de la région parisienne.

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.