Neurologie
Narcolepsie : des arguments en faveur d'une origine auto-immune
Soupçonnée depuis quelques temps, les preuves s'accumulent en faveur de l'origine auto-immune de la narcolepsie.
- tommaso79 / Istock
La narcolepsie est une maladie chronique du sommeil, qui apparaît principalement chez des jeunes entre 10 et 30 ans. Elle touche une personne sur 3.000 à 5.000 en France, c’est donc une maladie rare. Elle engendre comme symptômes des endormissements incontrôlables et une difficulté à rester éveillé, elle peut même engendrer des hallucinations.
70 % des patients souffrent également de cataplexie, se caractérisant par une chute brutale du tonus musculaire. Il s’agit de la narcolepsie de type 1, la plus fréquente. Elle se caractérise par un déficit en hypocrétine, une molécule qui contrôle l'état de veille. Cela signifie que, chez les personnes atteintes, les neurones qui produisent l'hypocrétine fonctionnent moins bien. Cette nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications, montre ce que de nombreux chercheurs soupçonnaient depuis plusieurs années : qu'il existe des mécanismes auto-immuns ciblant l'hypocrétine chez les malades souffrant de narcolepsie.
Il y aurait une prédisposition à la narcolepsie
Pour mener cette étude, des chercheurs danois ont analysé le sang de 20 patients atteints de narcolepsie et de 52 personnes en bonne santé. Ils ont remarqué que presque tous ceux atteints de la maladie avaient des lymphocytes T CD8 auto-réactifs. Le rôle de cette sous-population de lymphocytes T est de reconnaître les antigènes des neurones à l'origine de la production d'hypocrétine, et de détruire les cellules porteuse de cet antigène de surface.
Birgitte Rahbek Kornum, qui a mené ces travaux, explique ce que cela signifie : "nous avons trouvé des cellules T CD8 cytotoxiques auto-réactives dans le sang de patients atteints de narcolepsie. C'est-à-dire que les cellules reconnaissent les neurones qui produisent l'hypocrétine qui régule l'état de veille du sujet. Cela ne prouve pas que ce sont elles qui ont tué les neurones, mais c'est un pas en avant important."
Deux nouvelles pistes à analyser
Cependant, ce type de cellules auto-réactives étaient également présent chez des personnes en bonne santé : "ici, les cellules n'ont probablement pas été activées", explique la chercheuse. "C'est quelque chose que nous voyons de plus en plus souvent avec l'auto-immunité - qu'elle est en sommeil en chacun de nous, mais n'est pas activée chez tout le monde."
La prochaine étape sera donc de découvrir quel mécanisme active ces cellules auto-réactives. Deux pistes seront à analyser : une prédisposition génétique ou une infection (voire les deux). D’autres recherches seront nécessaires pour élucider la question. Mais cette découverte pourrait permettre de mettre au point des médicaments qui ciblent le problème immunitaire, et ainsi mieux traiter la narcolepsie.











