Hématologie
Myélofibrose : une stimulation excessive des macrophages par la vitamine D
Dans la myélofibrose, en particulier quand une greffe n’est pas possible, le blocage de la signalisation de la vitamine D sur les cellules hématopoïétiques pourrait être une nouvelle option de traitement.
- KatarzynaBialasiewicz/istock
La myélofibrose serait associée à une signalisation excessive de la vitamine D dans les macrophages de la moelle osseuse, révèle une équipe de recherche de l’Université de Kobe.
Ces résultats pourraient aider à développer des traitements alternatifs, indépendants du ciblage des gènes responsables des syndromes myéloprolifératifs souvent associés. Ce sont les résultats d’une étude publiée dans la revue Blood.
Etouffement de la moelle
La myélofibrose provoque une augmentation anormale des fibroblastes, les cellules qui produisent les fibres de collagène. La moelle osseuse se remplit de ces fibres collagène qui vont progressivement l’étouffer, empêchant la production normale des cellules sanguines.
Cette maladie est souvent associée à d'autres maladies hématologiques, de type syndrome myéloprolifératif, qui sont généralement causées par des mutations génétiques des cellules souches hématopoïétiques, et à un durcissement des os (ostéosclérose).
En raison de cette ostéosclérose, l'équipe de recherche s'est concentrée sur la relation entre le sang et les os. La vitamine D, lorsqu’elle est activée, est une quasi-hormone qui régule le calcium, mais il existe aussi des récepteurs à la vitamine D sur les cellules hématopoïétiques et ils seraient associés au contrôle de leur localisation dans la moelle osseuse.
Une étude sur des souris sans récepteurs à la vitamine D
Dans cette étude, l’équipe a réalisé une greffe de moelle osseuse avec récepteurs de la vitamine D chez des souris génétiquement dépourvues de récepteurs de la vitamine D et qui ont donc une concentration élevée de vitamine D dans le corps.
En analysant ce modèle, ils ont découvert que les cellules souches hématopoïétiques étaient fortement stimulées par la signalisation de la vitamine D et se transformaient en macrophages. Ces macrophages pathologiques ont stimulé de jeunes ostéoblastes (cellules qui sont à l’origine de la formation d’os) pour induire une myélofibrose et un durcissement de l'os. Les chercheurs pensent que les fibroblastes sont des ostéoblastes jeunes.
En donnant à ces souris un régime alimentaire pauvre en vitamine D et en supprimant les macrophages, l’équipe a pu largement empêcher l’apparition de la myélofibrose.
Une étude sur un modèle murin de myélofibrose
L'équipe a également examiné des modèles de souris qui ont le même trouble génétique que les patients souffrant de myélofibrose (souris transgéniques JAK2V61F). Ces souris ont des symptômes similaires à ceux des patients atteints de myélofibrose, avec à la fois une fibrose et un durcissement des os.
Ils ont traité ces souris en les élevant avec un régime alimentaire pauvre en vitamine D, en éliminant le gène du récepteur de la vitamine D dans les cellules sanguines (blocage des signaux des récepteurs de la vitamine D) et en supprimant les macrophages. Cela s'est avéré également très efficace pour prévenir la fibrose de la moelle osseuse des souris.
Le rôle des macrophages pathologiques
Ces résultats démontrent que les macrophages pathologiques, induits par la signalisation des récepteurs de la vitamine D, jouent un rôle important dans le développement de la myélofibrose.
Actuellement, le traitement repose sur l’utilisation d’inhibiteurs ciblant les gènes responsables des syndromes myéloprolifératifs, mais cela n’est pas toujours efficace pour le traitement de la myélofibrose. A défaut, la greffe de cellules souches hématopoïétiques est le seul traitement définitif contre cette maladie, mais cette méthode n’est pas possible chez de nombreux malades âgés.
Ces découvertes sur le rôle de la vitamine D vis-à-vis des cellules souches hématopoiétiques et des macrophages pourraient permettre à développer un traitement pour les personnes âgées en ciblant la voie de la vitamine D et les macrophages. Cette étude s’inscrit dans un courant médical qui montre l’effet non-négligeable de la vitamine D au cours des troubles de l’immunité.











