Urologie

Testostérone : bénéfices modestes de la supplémentation

La normalisation des taux plasmatiques de testostérone, parallèlement à la supplémentation hormonale, n’a que peu d’impact clinique sur la fonction sexuelle et l’humeur, chez le sujet âgé asymptomatique.

  • john rowley / Mood Boar/REX/SIPA
  • 19 Février 2016
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    A la différence des femmes qui ne pourront pas échapper à la ménopause, l’andropause n'est pas une réalité pour tous les hommes. Pour certains, cette baisse de la sécrétion de testostérone n’entraînera aucun symptôme, alors que d’autres présenteront des troubles de la sexualité, de la fatigue, des insomnies ou une humeur dépressive. Et pour ces derniers, la question de la supplémentation en testostérone fait débat. Jusqu’à aujourd’hui, les différentes études évaluant l’efficacité de ce traitement étaient peu concluantes.

    Une nouvelle étude parue cette semaine dans le New England Journal of Medicine apporte des données fiables mais incomplètes. Les résultats de trois des sept essais cliniques contrôlés menés conjointement dans 12 sites sous l’égide du National Institute of Health sont un peu décevants : certes normalisation des taux de testostérone, mais amélioration modeste de la fonction sexuelle et de l’humeur et faible impact sur la forme physique et aucun sur la vitalité.

    Cette étude dirigée par des chercheurs de l’Ecole de médecine Perlman de l’université de Pennsylvanie a été menée auprès de 790 hommes ayant une carence en testostérone. Divisés de manière aléatoire en deux groupes, ces participants ont soit reçu de la testostérone en gel soit un placebo. Quotidiennement, les hommes ont dû appliquer une dose de ce produit sur leurs épaules, leurs bras ou leur abdomen à heure fixe, de préférence le matin. Durant un an, les chercheurs ont invité les volontaires à remplir un questionnaire tous les 3 mois afin d’évaluer l’efficacité de la supplémentation.

    Testostéronémie normalisée

    Les 790 hommes inclus dans l’un ou plusieurs de ces essais, âgés de plus de 65 ans avaient un taux de testostérone plasmatique <275 ng/dL et présentaient des signes cliniques évocateurs d’une hypoandrogénie (notamment baisse de la libido, moindres capacité physique et vitalité). Ils ont été randomisés pour appliquer pendant un an un gel de testostérone ou un gel placebo. Les taux de testostérone se sont normalisés, pour atteindre ceux d’une population d’hommes jeunes sains.

    La fonction sexuelle, évaluée par le Psychosexual Daily Questionnaire, s’est améliorée de façon significative, mais modeste. La vitalité, appréciée par l’échelle Functional Assessment of Chronic Illness Therapy–Fatigue, ne s’est pas accrue sous traitement mais les hommes traités par testostérone ont rapporté une meilleure humeur et moins de signes dépressifs. Enfin, les capacités physiques (augmentation d’au moins 50 m de la distance parcourue en 6 min) n’a pas été modifiée.

    La tolérance a été comparable dans les deux groupes, mais l’effectif des essais est trop petit pour tirer des conclusions sur les risques potentiels liés à la supplémentation à long terme en testostérone.

    Quid chez des hommes plus jeunes ?

    Dans l’éditorial accompagnant la publication de ces données, Eric S Orwoll souligne que les modestes bénéfices rapportés dans ces études ne sont pas suffisants pour décider de traiter ou non un patient. Et par ailleurs, ils ne présagent pas des bénéfices potentiels d’une supplémentation chez des hommes d’âge moyen, qui sont ceux pour lesquels les prescriptions sont actuellement les plus fréquentes aux USA.

    Snyder PJ et al. Effects of Testosterone Treatment in Older Men. N Engl J Med 2016;374:611-24.

    Eric S. Orwoll, Establishing a Framework — Does Testosterone Supplementation Help Older Men? N Engl J Med 2016; 374:682-683.

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