Pneumologie

Enfant allergique : réduction du risque d'asthme avec l'immunothérapie précoce

Chez un jeune enfant déjà sensibilisé et souffrant d'une rhino-conjonctivite, l’initiation précoce d’une immunothérapie pour prévenir l'asthme se justifie de plus en plus. Dernière confirmation dans le JACI où est publiée une étude décrite et commentée par Antoine DESCHILDRE, de Lille.

 

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  • 27 Septembre 2017
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    De plus en plus d’arguments apparaissent pour justifier l’initiation précoce de l'immunothérapie préventive d’un asthme chez un jeune enfant déjà sensibilisé avec une rhino-conjonctivite. Si la dernière étude publiée dans le JACI, n’atteint pas son 1er critère, elle va cependant largement en faveur d’une telle attitude.

    Des travaux allemands précédents comme la PAT Study, avaient montré l’intérêt vis-àvis de l'apparition d'un asthme de la désensibilisation vis-à-vis des pollens par voie sous-cutanée, un bénéfice observé jusqu’à 10 ans après l’initiation du traitement qui avait duré 3 ans.

    L’étude actuelle est européenne avec participation de la France. Randomisée, contrôlée contre placebo, elle a pour objectif d’évaluer le temps écoulé jusqu’au diagnostic d’asthme. Le traitement en continu par immunothérapie sub-linguale avec la nouvelle forme comprimé « GRASS SQ », a duré 3 ans, suivi d’une surveillance de 2 ans. 812 enfants de 5 à 12 ans à l’inclusion ont été inclus avec un diagnostic certain de rhino-conjonctivite vis-à-vis des pollens de graminées. L’absence d’asthme se base sur celle de symptômes, de traitement et sur une EFR normale.

    Diminution significative des critères fonctionnels

    La définition retenue pour qualifier un enfant d’asthmatique est très stricte, incluant soit des symptômes présents le jour de la visite avec un effet des béta 2, soit une histoire de symptômes et une réversibilité d’au moins 12% sur le VEMS constaté à la consultation. Sur la base de ces critères, les résultats sont négatifs. Mais pour Antoine Deschildre, il faut pondérer ces résultats «car on sait par expérience que ce critère fonctionnel est possible, mais n’est pas toujours constaté chez l’enfant. Et il faut avoir une lecture plus ouverte de ce travail en regardant non pas le moment où survient l’asthme, mais plutôt les symptômes et les besoins en médicaments». Les résultats montrent alors que les enfants qui ont bénéficié de l’immunothérapie ont une diminution statistiquement significative de ces critères fonctionnels et bénéficient d’un effet sur les différents domaines de l’asthme, symptômes et traitement. De plus, cet effet se renforce au fil des années à savoir que l’impact de l’immunothérapie s’installe pendant la période de traitement et s’amplifie après, même au-delà des 3 ans.

    Autre point important, l’effet du traitement qui agit sur un pollen saisonnier dépasse la saison pollinique et impacte aussi sur la période hivernale. Enfin, les bénéfices sont plus importants quand les enfants sont jeunes par rapport aux enfants plus âgés. Par ailleurs, il est à noter que c’est la première fois que l’on a un effet d’une telle ampleur sur la rhino-conjonctivite du jeune enfant avec une bonne tolérance.

    Comment enrayer la machine de l’asthme?

    Pour Antoine Deschildre, cette étude répond en partie à la question qui préoccupe les pédiatres à savoir comment enrayer la machine de l’asthme. Elle propose un traitement même si ses résultats peuvent paraître modestes en raison de critères très stricts de définition de l’asthme. Le fait que la réponse à l’immunothérapie est d’autant plus marquée que l’enfant est jeune, justifie la nécessité de ne pas attendre si on veut agir sur l’histoire naturelle de la maladie. Enfin cette étude nous apprend qu’il faudrait mieux définir les populations qui ont fait une sensibilisation et bien préciser les allergènes. Des papiers récents (cohorte MAS, Custovik) montrent que le risque de développer un asthme quand on a une sensibilisation au pollen est lié à l’âge de début de la sensibilisation, mais aussi aux déterminants épitopiques des pollens. Donc le but maintenant est de personnaliser la prévention en s’intéressant aux déterminants phénotypiques.

     
    Ecoutez...
    Antoine DESCHILDRE, de Lille.« On sait par expérience que ce critère fonctionnel sur le VEMS, est possible, mais n’est pas toujours constaté chez l’enfant. Et il faut avoir une lecture plus ouverte de ce travail en regardant non pas le moment où survient l’asthme, mais plutôt les symptômes et les besoin en médicaments.... »

     

     

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