Neurologie
Sclérose en plaques : ocrelizumab tous les 6 mois versus espacement de doses
Une méta-analyse a comparé l’ocrelizumab tous les 6 mois versus en espacement de doses. Elle est rassurante du point de vue du maintien du contrôle de l’activité inflammatoire de la SEP pour les patients en espacement de dose avec une diminution du risque de survenue des effets indésirables même si elle n’a pas pu démontrer une réduction du risque d’infections ou d’hypo-IgG
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L’ocrelizumab, disponible en France depuis 2017, est l’un des traitements de la SEP les plus prescrit. Si son intérêt dans la prise en charge de nos patients ne fait aucun doute, la survenue d’hypogammaglobulinémies et d’infections récidivantes et/ou parfois sévères remet en question la balance bénéfice/risque pour des patients au-delà d’un certain temps passé sous traitement.
Plusieurs équipes proposent d’espacer l’intervalle de dose au-delà de 12 (ou plus généralement 18 voire 24 mois) chez les patients stables, dans le but de diminuer la pression sur le système immunitaire et espèrent ainsi réduire le risque infectieux à long terme. Ces attitudes se basent sur la publication de données rétrospectives publiées essentiellement par nos collègues scandinaves.
Les auteurs proposent ici une revue systématique de ces études pour évaluer l’impact sur l’efficacité mais également la sécurité d’emploi de l’ocrelizumab en espacement de dose (EID) vs intervalle standard de 6 mois (SID).
Une méta-analyse sur près de 2500 SEP
Onze études incluant près de 2500 patients ont été analysées, soit 1254 patients en EID et 1248 en SID. Il n’y a pas de différence concernant le contrôle inflammatoire de la maladie : ni sur le risque de survenue de poussée (OR= 0.96 [0.58,1.60]; p = 0.33; I2=12 %), ni sur celui de nouvelle lésions IRM (OR= 0.70 [0.44,1.14]; p = 0.15; I2=34 %). De même, les auteurs ne retrouvent pas de différence de progression, qu’elle soit évaluée avec la progression du handicap (Confirmed Disease Progression, CDP : OR= 0.76 [0.41,1.41]; p = 0.72; I2=0 %) ou l’aggravation du handicap coté avec l’EDSS (OR= 0.58 [0.31,1.08]; p = 0.91; I2=0 %).
D’un point de vue biologique, les patients en EID ont des taux de Lymphocytes B (LB) plus élevés que ceux en SID, une survenue d’hypo-IgM moins fréquente (17.3% vs 55%, p<0.001 respectivement dans une seule étude) mais la survenue d’hypo-IgG était contradictoire dans 2 études avec des résultats non significatifs.
Contrôle de l’inflammation équivalent et moins d’effets indésirables en extension de dose
Ainsi, ces études poolés ont permis de démontrer une absence de différence sur le NEDA-3 (OR = 1.07; IC à 95 % : 0.51 to 2.23) entre l’EID et le SID. Le risque de survenue d’effets indésirables quel qu’ils soient, est plus faible chez les patients EID vs SID (OR = 0.77; IC à 95 % : 0.62 to 0.97).
Néanmoins, plusieurs limites sont à noter : les régimes d’espacement de doses n’étaient pas tous les mêmes (allant de 6.7 à 46 mois) et le nombre de patients inclus dans chaque étude très variable (de 63 à 717), le faible nombre de participants dans certaines d’entre elles rendant difficile la possibilité de trouver une différence. Enfin, le paramètre composite NEDA-3, bien que largement utilisé dans les études, y compris de phases III, ne reflète pas parfaitement tous les aspects de la maladie notamment sur le plan cognitif ou la dextérité des membres supérieurs.
Cette méta-analyse apporte des éléments rassurants sur le maintien de contrôle de l’activité inflammatoire de la SEP pour les patients en EID avec une diminution du risque de survenue des EI même si elle n’a pas pu démontrer l’intérêt sur le risque de survenue d’infections ou d’hypo-IgG.
Reference :
1-Baig MMA, Siddiqui FZ, Ashkar A, Naeem A, Ahmed S, Waqas SA. Comparing the efficacy and safety of extended vs standard dosing of ocrelizumab in MS: A systemic review and meta-analysis. Mult Scler Relat Disord. 2025 Jan 6;94:106257. doi: 10.1016/j.msard.2025.106257. Epub ahead of print. PMID: 39805179.











