Risques psychosociaux
Hérault : des questions après la vague d'arrêts de travail dans la police
La direction départementale de la police a refusé de réformer le temps de travail des policiers. Epuisés et en colère, une cinquantaine de fonctionnaires ont été placés en arrêt maladie par leur médecin.
- crédit : Pixinooo/epictura
A Sète et Agde (Hérault), les commissariats sont quasiment vides depuis le début de la semaine. A Sète, plus de 90 % des effectifs de police secours ont cessé de travailler, soit une trentaine de policiers. Un phénomène qui s'étend à Agde. Au total, une cinquantaine de policiers sont en arrêt de travail pour "dépression" ou "épuisement professionnel". Une épidémie de burn-out qui illustre l'exaspération des fonctionnaires, et qui pourrait rapidement se répandre dans tout le département.
A l'origine de ce mouvement de protestation, le rythme et les conditions de travail qui se dégradent, et le refus de la direction de réformer l'organisation du travail. Soutenus par les syndicats, les policiers réclamaient un week-end de repos toutes les 2 semaines, contre un toutes les 6 semaines actuellement. Si les médecins comprennent les revendications de ces forces de l'ordre, le mouvement de solidarité interroge sur le rôle des médecins. Entretien avec Dr Bertrand Billet, médecin généraliste à Frontignan (Hérault) et secrétaire du syndicat MG France.
Observez-vous une augmentation des risques psychosociaux chez les policiers du département ?
Bertrand Billet : J’ai dans ma patientèle une dizaine de policiers nationaux et municipaux de Sète ou de Montpellier. On le ressent c’est une profession touchée par des problèmes psychologiques, liés à leur métier très difficile. Ils sont au contact d’une population de moins en moins respectueuse, et pour une partie de plus en plus violente. Je pense ce qui se passe aujourd’hui c’est un ras-le-bol qui s’accumule.
Cette vague d’arrêts maladie interroge tout de même ?
Bertrand Billet : C’est quand même un arrêt massif et brutal qui pose question. On peut se demander si des policiers n’ont pas un peu fait pression sur leur médecin pour obtenir un arrêt maladie pas toujours justifié sur le plan médical. A mon avis, ils se sont tournés vers le médecin qu’ils connaissent le mieux, mais est-ce que tous sont en souffrance et au point d’être en arrêt de travail, c’est difficile à dire. Peut être que la nouvelle organisation du travail est ce qui a fait déborder le vase. Des policiers en souffrance psychologique, ou en dépression chronique, se sont peut-être alors décidés à consulter leur médecin qui a jugé nécessaire l’arrêt de travail. C’est aussi une hypothèse.
Est-ce à dire que ces praticiens participent à ce mouvement de protestation ?
Bertand Billet: Il faut rappeler que signer un arrêt de travail de complaisance a toujours été interdit et l’est toujours. Un policier qui viendrait voir un médecin en disant que ses collègues sont en arrêt pour protester contre l’employeur ne doit pas être arrêté. Je suis certain que dans mon cabinet nous allons y être confrontés. Cette situation illustre la difficulté de notre métier, et la difficulté de faire la part des choses entre les problèmes professionnels, de stress au travail, de société et les vrais problèmes médicaux. Il faut essayer de rester le plus professionnel possible et évaluer par des critères les plus strictes possibles les signes de souffrance médicale et psychologique qui peuvent être induites par tous ces problèmes.











