Oncologie
Casque réfrigérant : un bénéfice contre l’alopécie définitive
Les casques réfrigérants diminuent la chute ponctuelle des cheveux après chimiothérapie, selon 2 études parues dans le JAMA. Mais leur grand intérêt réside dans le fait qu’ils évitent l’alopécie définitive.
- prudkov/Epictura
Que les casques réfrigérants diminuent la chute des cheveux soit reconnu de longue date est une chose, que cela soit confirmé par une étude randomisée en est une autre. Et cette confirmation scientifique vient d’être apportée par deux études parues dans la prestigieuse revue JAMA, qui, et c’est à noter, s’intéresse aussi aujourd’hui à des essais sur la qualité de vie.
L’une de ces deux études porte sur 182 patientes en cours de chimiothérapie pour cancer du sein, avec tirage au sort pour le port du casque (119 avec et 63 sans) ; l’autre a suivi 122 patientes : à 106 d’entre elles les médecins ont proposé un casque, les 16 restantes n’en n’ont pas eus. Ces deux études arrivent au même résultat : 100% de perte de cheveux dans le groupe sans casque, moins de 50% dans le groupe avec casque.
Suivi un peu court
Cependant ces résultats sont à pondérer. Tout d’abord le suivi de ces essais est un peu court : les résultats sont analysés au terme de 4 cycles de chimiothérapie ou de 2 mois de traitement alors que les cures standards, en France comme aux USA, se déroulent sur 6 cycles (ou 5 mois). Donc en pratique, pour Mahasti SAGHATCHIAN, oncologue médicale dans l’Unité de pathologie mammaire de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif, les résultats ne sont pas toujours aussi bons, le cumul des traitements ayant un effet délétère malgré tout. Ensuite, les patientes recevaient essentiellement des taxanes, très peu des anthracyclines, ces chimiothérapies très rapidement et fortement alopéciantes dès le 2ème cycle, malgré le port du casque.
Inconfort du port
Il faut avouer aussi que le port du casque n’est pas toujours très confortable : les patientes se plaignent de maux de tête, d’où la difficulté de garder suffisamment longtemps quelque chose à 3°C sur le crane. Pourtant le protocole de port est bien précis : 30 minutes avant, pendant l’injection, puis 90 à 120 mn après, ce qui est long et douloureux en plus de tous les désagréments de la chimiothérapie elle-même.
Le principe de fonctionnement repose sur la vasoconstriction provoquée par le froid au niveau des capillaires du cuir chevelu, qui diminue l’imprégnation des bulbes pileux par les chimiothérapies.
Alopécie définitive
Alors pourquoi continuer à porter le casque malgré tus ces inconvénents ? Pour une bonne raison : il permet d’éviter les rares cas d’alopécie définitive que l’on peut voir avec les anthracyclines, très souvent prescrites dans le cancer du sein. Certes l’alopécie ponctuelle reste perturbante, mais elle est de courte durée, alors que la définitive chez des patientes guéries de leur cancer du sein est très mal vécue.
A noter que l’effet de la chimiothérapie se retrouve au niveau de tous les phanères donc des ongles, mais aussi de la peau. Le même principe prévaut : l’application de froid grâce à des gants réfrigérés, qui sont en fait un peu mieux supportés que le casque.
Qualité de vie
Au delà de la chute des cheveux qui est donc retardée grâce au casque, c’est la qualité de vie des patientes pendant la chimiothérapie qui préoccupe aujourd’hui les médecins. Et finalement, le casque ne l’impacte pas beaucoup à court terme : l’étude randomisée du JAMA ne montre en effet aucune différence en terme de qualité de vie entre les deux groupes. Ce résultat n’étonne pas Mahasti Saghatchian, qui avoue que « les patientes sont tellement en souffrance à cause des effets secondaires de la chimiothérapie auxquels s’ajoute l’impact psychologique de leur maladie, que le problème des cheveux est relégué au deuxième plan et n’affecte que peu leur qualité de vie globale. L’enjeu actuel des médecins est d’être suffisamment efficace sur les nausées, la fatigue, la dépression… pour améliorer de façon significative le confort des patientes. »

Et donc voir que de grandes revues comme le JAMA s’intéressent à ces sujets, signe que ces enjeux sont d’importance et… à l’ordre du jour.











