Horloge biologique
Rythme circadien déréglé : un signe d’Alzheimer ?
Une étude révèle que la maladie d'Alzheimer perturbe en profondeur les rythmes circadiens du cerveau. Ce dérèglement de l’horloge biologique pourrait jouer un rôle dans la progression de la pathologie.
- Par Stanislas Deve
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Les troubles du sommeil, qui dérèglent notre rythme circadien jour/nuit, pourraient non seulement être une conséquence de la maladie d’Alzheimer, mais aussi l’un de ses moteurs. C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude récente menée sur des rongeurs par l’équipe du Dr Erik S. Musiek, professeur de neurologie à l’école de médecine de l’Université de Washington, aux Etats-Unis.
Difficultés à dormir, agitation à la nuit tombée, siestes à répétition : ces symptômes bien connus des personnes souffrant de troubles du sommeil pourraient en réalité révéler une atteinte précoce de l’horloge interne du cerveau, selon cette étude publiée dans Nature Neuroscience. Chez la souris, les chercheurs ont observé que les rythmes circadiens, cette horloge interne qui régule près de 20 % des gènes humains, sont fortement perturbés par la maladie d'Alzheimer.
Des rythmes déréglés dès les premières phases
Le travail des scientifiques met en lumière un lien direct entre les dépôts de protéines amyloïdes – une caractéristique de l’Alzheimer – et le chaos génétique qu’ils provoquent dans deux types de cellules cérébrales essentielles : les microglies (cellules immunitaires du cerveau) et les astrocytes (cellules de soutien des neurones). Des centaines de gènes, dont ceux qui sont censés aider à éliminer les toxines comme l’amyloïde, perdent leur rythme normal, ce qui affaiblit les fonctions de défense du cerveau.
"Nous avons identifié que le rythme circadien régule l’activité d’environ la moitié des 82 gènes liés au risque d’Alzheimer", explique Erik Musiek dans un communiqué. Autrement dit, dérégler cette horloge, c’est fragiliser l’organisme face à la maladie.Vers de nouvelles pistes thérapeutiques ?
Plus surprenant encore : les chercheurs ont constaté que les plaques amyloïdes induisent de nouveaux rythmes génétiques dans des gènes qui ne suivaient auparavant aucun cycle. Beaucoup sont liés à l’inflammation ou au stress cellulaire, suggérant que cette désynchronisation pourrait nourrir l’engrenage de la pathologie.
Pour les auteurs, rétablir ces rythmes circadiens pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. "Là où cela devient concret, c’est lorsqu’on envisage de manipuler l’horloge dans certains types cellulaires, pour la renforcer ou la neutraliser", note Musiek. Une stratégie qui pourrait, à terme, limiter l’accumulation de plaques amyloïdes et ralentir la progression de la maladie.








