Symptômes
Douleurs thoraciques : des causes plus souvent psychologiques que cardiaques
Chaque année, des milliers de patients consultent aux urgences pour des douleurs thoraciques sans cause cardiaque. Une étude révèle que l’anxiété pourrait en être la véritable origine.

- Par Stanislas Deve
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Chaque année, des milliers de personnes affluent aux urgences pour des douleurs thoraciques. Pourtant, dans 80 % des cas, aucune origine cardiaque n'est détectée. Une étude américaine récemment publiée par l’Indiana University School of Medicine et le Regenstrief Institute remet en question les pratiques actuelles : et si l’on traitait l’anxiété plutôt que de multiplier les examens cardiaques inutiles ?
Un mal souvent psychologique, mais bien réel
Le Dr Kurt Kroenke, auteur principal de l'étude, le rappelle dans un communiqué : "L’anxiété est une composante fréquente des douleurs thoraciques à faible risque. Beaucoup de patients craignent pour leur cœur, mais leur douleur n'est pas cardiaque. Cela pose la question d'autres causes potentiellement traitables." L’essai clinique PACER (Patient-Centered Treatment of Anxiety after Low-Risk Chest Pain in the Emergency Room) révèle que plus de 42 % des patients présentent une anxiété sévère selon l’échelle GAD-7. Encore plus frappant : trois patients sur quatre remplissent les critères d'un trouble panique. Ces troubles anxieux sont souvent accompagnés de dépression, de somatisation ou de stress post-traumatique.
Vers une prise en charge plus ciblée
L’étude, publiée dans la revue Academic Emergency Medicine, propose deux pistes thérapeutiques efficaces : la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et les médicaments psychotropes. La TCC aide à identifier les pensées anxiogènes et à gérer les symptômes physiques. Même en ligne et soutenue par des pairs, elle se montre efficace. Les traitements médicamenteux, comme les antidépresseurs ou anxiolytiques, peuvent également réduire l’intensité des symptômes. "C'est comme l'hypertension : il y a des médicaments qui fonctionnent. C'est pareil pour l’anxiété", affirme le Dr Kroenke. Pour le Dr Paul Musey, co-auteur : "Rassurer les patients ne suffit pas. Les orienter vers des thérapies déjà éprouvées peut changer le cours de leur prise en charge." En identifiant les troubles psychologiques sous-jacents, les hôpitaux pourraient réduire les visites répétées et mieux cibler leurs ressources.