Mal-être
Les enfants stressés plus à risque de maladies chroniques à l’âge adulte
Une étude de l’université Duke révèle qu’un environnement instable et stressant durant l’enfance affecte durablement notre corps, bien au-delà du simple mal-être psychologique.

- Par Stanislas Deve
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Un foyer stable et sécurisé serait la clé d'une enfance en bonne santé. C'est ce que suggère une nouvelle étude de l'université Duke, aux Etats-Unis, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Selon les chercheurs, le stress chronique dès le plus jeune âge pourrait avoir un impact métabolique et cardiovasculaire durable sur l'organisme.
Le stress comme marqueur précoce de maladies à l’âge adulte
Les scientifiques ont analysé les données de la Great Smoky Mountains Study (GSMS), une étude longitudinale démarrée en 1992, pour mieux comprendre les troubles psychiatriques infantiles. Contrairement à d'autres travaux se basant sur les souvenirs d'adultes, cette étude a recueilli des données quantitatives régulières dès l'enfance.
Les résultats sont clairs : un niveau élevé de stress entre 9 et 11 ans est associé à une dégradation de la santé cardio-métabolique à l'âge adulte. En cause : la charge allostatique, soit l'usure de l'organisme due au stress chronique. Pour l'évaluer, les chercheurs ont analysé différents biomarqueurs, dont la protéine C-réactive (qui mesure l’inflammation de l’organisme), l'infection par le virus Epstein-Barr, l'IMC et la tension artérielle.
Le stress s'imprime dans le corps
"On sait depuis les années 1980 que l'adversité infantile n'affecte pas seulement le psychisme, mais aussi le fonctionnement du corps. Elle s'imprime littéralement dans l'organisme", explique le professeur Herman Pontzer, co-auteur de l'étude, dans un communiqué. Elena Hinz, doctorante et autrice principale des travaux, renchérit : "Ces réactions corporelles au stress sont utiles à court terme, mais dangereuses si elles deviennent permanentes."La recherche souligne que la pauvreté est au cœur du problème. Un logement stable, de la nourriture disponible, un accès aux soins... sont autant de facteurs protecteurs pour l'enfant. "Ce n'est pas juste psychologique. Le stress modifie le fonctionnement du corps", insiste Pontzer. Favoriser l'éducation, la formation professionnelle et les politiques sociales peut donc avoir un impact réel sur la santé future des enfants. Car comme le rappelle Pontzer, "ce qui arrive aux enfants de huit, neuf ou dix ans semble prédire leur tension artérielle à l'âge adulte."