Pollution de l'air
Purificateurs d'air : ces dispositifs sont-ils vraiment efficaces ?
Selon une étude, les tests réalisés pour évaluer la fiabilité et l'innocuité des purificateurs d'air sont insuffisants.

- Par Mégane Fleury
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- brizmaker/istock
La pollution peut aussi toucher nos intérieurs. Dans les appartements ou les maisons, la qualité de l’air peut être dégradée pour différentes raisons, et certains virus peuvent également circuler, donc le SARS-CoV-2. Pour améliorer la qualité de l’air dans les espaces fermés, il existe des appareils appelés purificateurs d’air. Dans Annals of Internal Medicine, des chercheurs américains révèlent qu’il existe un manque de données fiables concernant l’efficacité de ces machines.
Purificateurs d'air : des machines utilisées pour améliorer la qualité de l'air
"Différentes technologies dites 'd’ingénierie de contrôle des infections' visent à prévenir la diffusion de virus et d’autres agents pathogènes en assainissant l’air intérieur, par exemple grâce à des filtres HEPA (de l’anglais, High Efficiency Particulate Air), à l’emploi de lumière ultraviolette ou à la mise en place de types spécifiques de ventilation", expliquent les chercheurs dans un article paru dans The Conversation. Ces scientifiques du campus médical Anschutz de l'Université du Colorado et de l'Institut national pour la sécurité et la santé au travail (NIOSH) ont recensé puis analysé toutes les études réalisées sur ces appareils entre 1929 et 2024. Au total, cela représentait plus de 670 articles scientifiques. Différents systèmes étaient testés dont les filtres HEPA, les rayons UV, les ioniseurs et les systèmes de ventilation avancés conçus pour réduire la transmission des infections par l'air intérieur.
Peu d'études sur les effets des purificateurs d'air sur la santé humaine
"Nombre de ces technologies semblent prometteuses sur le papier, mais nous ne savons pas encore si elles fonctionnent en pratique, souligne Amiran Baduashvili, professeur agrégé à la faculté de médecine de l'Université du Colorado et auteur principal cette recherche. Les gens achètent et installent ces systèmes chez eux et à l'école dans l'espoir de se protéger et de protéger leur famille, mais la science n'a pas encore rattrapé le marketing." Dans leur analyse, ils ont observé trois types de tests : la capacité des appareils à diminuer les infections chez l’humain, l’efficacité dans la prévention des infections chez l’animal et enfin la capacité à réduire le nombre de particules fines en suspension. Seulement 9 % des études étaient consacrées à l’intérêt des purificateurs pour la santé humaine. La plupart des études se sont concentrées sur des mesures indirectes telles que les particules de poussière ou des microbes inoffensifs, plutôt que sur les virus ou les bactéries responsables de maladies.
Purificateurs d'air : un manque de données sur leur innocuité
"Nous avons été surpris de constater que la plupart des recherches ont testé des dispositifs de purification de l'air en laboratoire, et non en conditions réelles de vie, de travail ou d'études, développe Lisa Bero, professeure de médecine interne à la faculté de médecine de l'Université du Colorado et co-auteure de l'étude. Nous avons besoin d'études plus approfondies qui examinent les résultats réels sur la santé, afin de déterminer si les personnes sont réellement exposées à moins d'agents pathogènes ou tombent moins souvent malades, et pas seulement les mesures des particules en suspension dans l'air."
Par ailleurs, les auteurs estiment que les données sont insuffisantes sur l’innocuité de ce type d’appareils. Peu d’études ont examiné les substances émises par les purificateurs et leurs effets. "L'ozone et d'autres produits chimiques générés par certains appareils de purification de l'air peuvent nuire au système respiratoire, en particulier chez les enfants ou les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques", alerte Louis Leslie également co-auteur de l’étude.
En cas d’achat d'un purificateur d'air ou de système de ventilation, les scientifiques recommandent d'opter pour des technologies testées en conditions réelles et d'éviter les appareils qui dégagent des sous-produits nocifs comme l'ozone. Mais ils rappellent surtout qu’il existe des pratiques simples et fiables comme ouvrir les fenêtres et nettoyer régulièrement son lieu d’habitation.