Pneumologie
Tuberculose : les facteurs de risque de progression vers la maladie
Pour les personnes atteintes d'une infection latente, un contact avec un malade tuberculeux constitue un risque majeur de tuberculose maladie dans l'année, notamment pour les enfants de moins de cinq ans.
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Le risque de développer une tuberculose maladie chez des personnes avec une infection latente a été précisé dans une étude réalisée par une équipe néerlandaise qui a analysé les donneés disponibles entre 2005 et 2013.
Ce travail a inclus des patients avec une tuberculose latente à haut risque de tuberculose maladie car en contact direct avec des malades qui ont été mis sous chimioprophylaxie antituberculeuse préventive comme il est indiqué dans les recommandations. Ils ont ensuite été stratifiés en trois groupes : ceux qui ont terminé le traitement, ceux qui l’ont commencé puis arrêté après un mois, et ceux qui ne l’ont pas reçu du tout. Ces patients ont été comparés à d’autres groupes contrôles qui n’étaient pas en contact avec des malades.
Enfants de moins de cinq ans
Les résultats de l’étude montrent que le risque d’augmentation de l’incidence de la maladie est plus important chez les personnes qui n’ont pas reçu de chimioprophylaxie. De plus, les auteurs ont identifié deux facteurs de risque importants de progression vers la tuberculose maladie : un âge inférieur à cinq ans et un arrêt du traitement préventif au bout d’un mois. Enfin, dans les autres groupes de patients contrôles, le seul facteur de risque de tuberculose maladie est le fait d’être né à l’étranger.
Dans tous les cas, le risque de développer une tuberculose maladie est plus élevé au cours de la première année qui suit le diagnostic de tuberculose latente, d’où l’intérêt de surveiller de près les personnes concernées durant cette période.

Exposition répétée et multiple
Dans une autre étude réalisée au Canada et publiée dans l’European Respiratory Journal, les auteurs confirment que l’exposition répétée et multiple avec une personne atteinte d’une tuberculose maladie active est associée non seulement à une augmentation du risque de développer une infection tuberculeuse latente mais aussi à celui d’avoir une tuberculose maladie.
Les chercheurs se sont intéressés à un petit village canadien de 933 habitants où avaient été observés 23 cas de tuberculose maladie entre novembre 2011 et mars 2012. Cette incidence élevée les avait intrigués et poussés à mener un dépistage de masse dans cette population. 75 % des personnes ont été dépistées et un diagnostic de tuberculose maladie confirmée a été porté chez 50 personnes en novembre 2012.
Analyse à l’échelle moléculaire
L’augmentation du risque de transmission de la maladie a ainsi été confirmée dans ce village et les auteurs ont recherché les facteurs de risque de développer une tuberculose maladie chez les personnes en contact avec des patients malades. Ils ont ainsi conclu que le fait de subir une exposition répétée et multiple avec une personne tuberculeuse augmentait le risque de développer par la suite une tuberculose maladie. Ils ont aussi observé que plus le nombre de personnes habitant dans une même habitation est élevé, plus le risque de transmission de l’infection est important.
Ces conclusions ont ensuite été confirmées par une analyse épidémiologique à l’échelle moléculaire des souches de mycobacterium tuberculosis qui a montré que la transmission était multiple et simultanée au sein de cette population et qu’il y a donc eu des contacts répétés avec plusieurs personnes ayant une tuberculose.
D’après un entretien avec le Pr Fatma Tritar, pneumologue, Hôpital de Lariana, Tunis









