Infectiologie
Covid-19 et vitamine D : pas d’intérêt démontré chez les malades hospitalisés
Chez les patients hospitalisés pour une forme modérée ou grave de Covid-19, une seule dose de 200 000 UI de vitamine D3 n'a pas d’influence significative sur la durée du séjour à l'hôpital.
- Helin Loik-Tomson/istock
La saga de la vitamine D a encore frappé. Cette fois, c’est sur la Covid-19 et dans le cadre de la stratégie de repositionnement des médicaments disponibles. Et c’est au Brésil, un pays où comme tout le monde le sait, le soleil et la vitamine D manquent, que cette étude a été conduite.
Mais la supplémentation par une forte dose de vitamine D ne modifie pas le pronostic des malades hospitalisés pour Covid-19 modérée ou grave. L’étude randomisée versus placebo est parue dans le JAMA.
Etude randomisée versus placebo
Dans cet essai clinique randomisé qui a porté sur 240 patients hospitalisés souffrant de COVID-19 modérée à grave, une dose unique de 200 000 UI de vitamine D3 a été administrée versus placebo.
Cette supplémentation systématique lors de l’hospitalisation n'a pas réduit de manière significative la durée du séjour à l'hôpital (médiane de 7,0 contre 7,0 jours ; rapport de risque non ajusté pour la sortie de l'hôpital, 1,07), ni d’ailleurs le risque de passage en réanimation.
Une vitamine immunomodulatrice
La vitamine D est pourtant une vitamine qui joue un rôle non négligeable dans le système immunitaire, inné ou acquis, avec des propriétés régulatrices évoquées sur les macrophages et les cellules dendritiques, 2 types de cellules qui semblent importantes dans le déclenchement des formes graves de Covid-19.
Mais cette étude avait peu de chance de réussir. D’une part, parce que le Brésil n’est pas le pays sur terre où il y a le plus de problème d’exposition au soleil : le taux moyen de vitamine D dans le sang était de plus le 20 ng/ml à l’inclusion, et qu’il est assez peu probable qu’un simple déficit est un impact réel. D’autre part, la vitamine D a été administrée lors de l’hospitalisation, sans doute un peu tard pour obtenir un quelconque effet immunomodulateur malgré une correction rapide des taux sériques.
Absence de bénéfice de la compensation
Après l'intervention, 86,7% des patients du groupe vitamine D3 ont atteint un taux suffisant de 25-hydroxyvitamine D (≥ 30 ng/mL) contre 10,9% dans le groupe placebo. L'absence de bénéfices cliniques observée dans cette étude est donc indépendante de la capacité de la vitamine D3 à augmenter les niveaux sériques de 25-hydroxyvitamine D.
Dans une analyse post hoc limitée aux patients qui avaient une carence en 25-hydroxyvitamine D à l’inclusion, une seule dose de 200 000 UI de vitamine D3 est restée efficace pour augmenter les niveaux de 25-hydroxyvitamine D par rapport au placebo, mais aucune amélioration clinique n'a été constatée.
Au final, encore une fois, les études observationnelles et non randomisées de cette pandémie sont à prendre avec des pincettes. Il n’est par contre pas démontré dans cette étude qu’un apport prophylactique régulier en vitamine D chez les personnes qui en manquent soit inutile.








