Vitamine D : pas d’effet sur la prévention des chutes chez les personnes âgées

L’administration de différentes doses journalières de vitamine D chez des personnes âgées non-institutionnalisées n’apporte pas de bénéfice pour la prévention des chutes. Les fortes doses seraient même délétères en termes de chute par rapport aux doses les plus faibles.

Ce sont les résultats d’une nouvelle étude randomisée sur 2 ans, publiée dans Annals of Internal Medicine, qui s’inscrit en contradiction avec de précédentes études.

Pas de réduction des chutes

Sur les 667 participants de l’étude STURDY (Study to Understand Fall Reduction and Vitamin D in You) qui ont terminé l'essai à 2 ans, aucun avantage en termes de prévention des chutes n'a été constaté pour aucune des doses et par rapport à la dose la plus faible, de 200 UI/jour, qui peut être assimilé à un groupe témoin, indépendamment des niveaux de base de vitamine D des participants.

Les analyses montrent que dans le groupe de 1000 UI/jour, un risque plus élevé de première chute grave et de première chute avec hospitalisation est observé par rapport au groupe de 200 UI/jour : chute grave : HR=1,87 (IC 95%, 1,03 à 3,41) et chute avec hospitalisation : HR=2,48 (IC 95%, 1,13 à 5,46).

Un risque associé aux doses élevées ?

Dans l'ensemble, 63% des participants ont fait des chutes au cours de l'étude, ce qui, bien qu'élevé, semble conforme aux critères d’inclusion dans l'étude qui a inclus des personnes âgées non-institutionnalisée avec un risque de chute élevé.

Durant la phase de titration, les apports journaliers en vitamine D les plus élevées (2000 ou 4000 UI/jour) ont été associés à un plus grand nombre de chutes, et une durée d'hospitalisation plus longue ou plus de décès, par rapport au groupe 1000 UI/jour. Les groupes ayant reçu les doses les plus élevées ont donc été basculé secondairement dans le groupe 1000 UI/jour, et tous les participants ont été suivis pendant une période pouvant aller jusqu'à deux ans. L’évaluation a porté sur la période à 1000 UI/jour.

Une étude randomisée

L'étude STURDY a recruté 688 personnes âgées présentant un risque élevé de chute, un risque défini comme un âge de 70 ans et plus et un taux sérique de 25-hydroxyvitamine D (25OH-vitamine D) de 25 à 72,5 nmol/L (soit 10 à 29 ng/dL).

Les participants étaient âgés en moyenne de 77,2 ans à l’inclusion et avaient un taux total moyen de 25OH-vitamine D de 55,3 nmol/L. Ils ont été randomisés pour recevoir l'une des quatre doses de vitamine D3 testées, dont 200 UI/jour (le groupe témoin), ou 1000, 2000 ou 4000 UI/jour.

Une étude qui ne résout pas tout

Une des limitations de l'étude est qu’elle ne comportait pas de groupe placebo. Pour un problème aussi multifactoriel que la chute chez les personnes âgées (médicaments, hypotension, trouble de la vision, déficit musculaire, trouble articulaire, trouble de l’équilibre, troubles neurologiques…), cette étude ne fournit pas suffisamment d'informations sur les comorbidités et les médicaments que prennent ces personnes pour pouvoir en retirer une information sure à 99%.

Si d’autres études n'ont pas non plus constaté de réduction des chutes avec des doses plus élevées de vitamine D, celles-ci n’ont pas non plus montré de risques significatifs avec les doses plus élevées.

Une approche plus globale

Les chutes et leurs conséquences potentiellement graves restent un enjeu de santé et un risque importants pour les personnes âgées et leurs soignants.

Il y a un manque criant d'essais qui prennent en compte les multiples paramètres qui conduient à la chute chez la personne âgée afin de pouvoir analyser l'impact de la 25OH vitamine D dans une démarche holistique et multidisciplinaire, ce qui est le principe de base quand on veut optimiser la prise en charge des personnes âgées fragiles.