Cardiologie

Covid-19 : bénéfice des anticoagulants dans les formes sévères

Le traitement anticoagulant à dose efficace serait associé à une meilleure survie chez les malades Covid-19 hospitalisés, surtout chez ceux qui seront intubés.

  • Richard Villalonundefined/istock
  • 07 Jul 2020
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    Différentes publications font état d'une augmentation des événements thromboemboliques chez les malades Covid-19 hospitalisés, donc dans les formes graves, et il existe des études observationnelles montrant un meilleur pronostic chez les malades anticoagulés, cependant, le rôle spécifique de l’anticoagulation et surtout de sa dose reste incertain.

    Une équipe de chercheurs américaine s’est attaqué à ces questions à travers une analyse rétrospective sur 2 773 patients Covid-19 (confirmés en laboratoire) hospitalisés au sein des hôpitaux du réseau Mount Sinai, à New York. Selon un article publié dans le Journal of the American College of Cardiology, un traitement anticoagulant à dose efficace améliore la survie des formes les plus graves de Covid-19.

    Importance de la dose

    Chez les patients qui ont nécessité une ventilation mécanique (n = 395), la mortalité hospitalière est de 29,1 % avec une survie médiane de 21 jours pour ceux traités par anticoagulant à dose efficace, contre 62,7% avec une survie médiane de 9 jours chez les patients qui n’ont reçu aucune dose d’anticoagulant.

    Dans un modèle d’ajustement multivarié de Cox, une plus longue durée de traitement par anticoagulant est associée à un risque réduit de mortalité (HR ajusté de 0,86 par jour ; intervalle de confiance à 95% : 0,82 à 0,89 ; p < 0,001).

    Parmi les malades qui n'ont pas reçu de traitement anticoagulant, 38 (1,9 %) ont eu des saignements, contre 24 (3 %) parmi ceux qui ont reçu un traitement anticoagulant (p = 0,2). Sur les 24 patients qui ont eu des épisodes de saignement sous anticoagulant, 15 (63%) ont eu des épisodes de saignement après le début du traitement et 9 (37%) ont eu des épisodes de saignement avant le début du traitement par anticoagulant.

    Les événements hémorragiques sont plus fréquents chez les patients intubés (30 sur 395 ; 7,5%) que chez les patients non intubés (32 sur 2 378 ; 1,35%).

    Une vaste étude monocentrique

    Globalement, la mortalité hospitalière des patients traités par anticoagulant est de 22,5% avec une survie médiane de 21 jours, contre 22,8% et une survie médiane de 14 jours chez les patients qui n'ont pas reçu d’anticoagulant. Les malades qui ont reçu un anticoagulant à dose efficace sont plus susceptibles de nécessiter une ventilation mécanique invasive (29,8 % contre 8,1 % ; p < 0,001) par rapport à ceux qui ont reçu une dose prophylactique d'anticoagulant ou qui n'en ont pas reçu.

    Dans l'ensemble, une augmentation significative du temps de prothrombine, du TCA, de la lactate déshydrogénase, de la ferritine, de la CRP et des valeurs des D-dimères est observée chez les personnes qui ont reçu une dose d'anticoagulant à l'hôpital par rapport à celles qui n'en ont pas reçu.

    Une étude rétrospective

    Les chercheurs ont utilisé un modèle de Cox pour évaluer l'effet d'une dose de traitement d'anticoagulant sur la mortalité hospitalière (y compris les formes orale, sous-cutanée ou intraveineuse). Ils ont ajusté les résultats sur l'âge, le sexe, l'ethnie, l'indice de masse corporelle, les antécédents d'hypertension, l'insuffisance cardiaque, de fibrillation auriculaire, de diabète de type 2….

    Ils ont également étudié l'association entre le traitement anticoagulant et les événements hémorragiques. Les saignements majeurs ont été définis comme une hémoglobine <7 g/dl et toute transfusion de 2 unités de sang ou un code de diagnostic pour un saignement majeur, y compris une hémorragie intracrânienne, une hématémèse, un méléna, un ulcère peptique avec hémorragie, une hémorragie recto-colique, une hématurie et une gastrite hémorragique aiguë.

    Nécessité d’études randomisées

    Bien que la pertinence de ces résultats soit limitée, de par leur nature observationnelle et rétrospective, les biais inapparents, la cause souvent inconnue de la prescription de l’anticoagulant, l'absence de classification précise de la gravité de la maladie, ces résultats suggèrent qu’une anticoagulation à dose efficace peut être associée à de meilleurs résultats chez les patients hospitalisés Covid-19. Elle .s’ajoute à une série de données concordantes

    Ces avantages potentiels doivent toutefois être mis en balance avec le risque d'hémorragie ce qui impose leur individualisation. Il est intéressant de noter qu'il y a une association entre une anticoagulation et une amélioration de la survie après ajustement en fonction de la ventilation mécanique.

    Des essais randomisés prospectifs sont désormais nécessaires pour bien préciser les doses et les indications.

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    JDF