Infectiologie
Coronavirus : persistance du virus dans les poumons, les selles et le sang
Le virus de la Covid-19 persiste plus longtemps qu’initialement envisagé dans les tissus respiratoires des patients atteints d'une maladie grave. Les selles et le sang sont également infectées, en particulier chez les malades sévères.
- Naeblys/istock
Une nouvelle analyse des malades souffrant de la Covid-19 en Chine, publiée aujourd'hui par le BMJ, montre que le virus est présent bien plus longtemps qu’initialement envisagé, à la fois dans les poumons, les selles et le sang.
Il persiste plus longtemps et atteint son pic plus tard dans les tissus respiratoires des patients atteints d'une maladie grave, par rapport aux patients atteints d'une maladie légère.
Une étude virologique séquentielle
Les chercheurs ont estimé la charge virale sur plus de 3 000 échantillons prélevés chez 96 patients souffrant d'une forme modérée à sévère de la Covid-19, avec ou sans comorbidités, et admis dans un hôpital de la province du Zhejiang, en Chine.
La charge virale est le nombre de particules virales présentes chez un patient infecté. En général, plus la charge virale est élevée, plus un patient peut libérer (« rejeter ») de particules virales dans son environnement lorsqu'il expire ou tousse.
Allongement de la présence du virus
L'infection par le SARS-CoV-2 a été confirmée dans l'analyse d'échantillons des poumons chez l’ensemble des 96 patients. Parmi ces patients, des acides nucléiques viraux ont été détectés dans 59% dans les échantillons de selles et 41% des échantillons de sérum.
Le taux de détection du SARS-CoV-2 dans les échantillons respiratoires a progressivement diminué, passant de 95% la première semaine des symptômes à 54% la quatrième semaine, les échantillons respiratoires ultérieurs ayant donné des résultats négatifs. Parallèlement, le taux de détection dans les échantillons de selles et de sérum a progressivement augmenté à partir de la première semaine, puis a diminué à partir de la troisième semaine.
Corrélation charge virale et sévérité
La durée médiane de la présence du virus dans les selles (22 jours) est donc nettement plus longue que celle dans les échantillons respiratoires (18 jours) et sanguins (16 jours).
Le taux de détection dans les échantillons de sérum est plus élevé chez les patients atteints d'une maladie grave que chez les patients atteints d'une forme légère (45% contre 27%), mais la différence n’est pas significative. Le taux de détection dans les selles ne diffère pas entre les patients atteints d'une maladie bénigne et ceux atteints d'une maladie grave.
Un seul échantillon d'urine prélevé sur un patient gravement malade le 10e jour est positif pour le SARS-CoV-2
Corrélation durée d’excrétion et sévérité
Les chercheurs constatent également que la durée médiane de présence du virus dans les échantillons respiratoires des patients atteints d'une maladie grave (21 jours) est significativement plus longue que celle des patients atteints d'une maladie légère (14 jours). La durée du virus est égaklement plus longue chez les patients de plus de 60 ans et chez les hommes.
La persistance du SARS-CoV-2 est nettement plus longue dans les échantillons de selles que dans les échantillons respiratoires et de sérum, ce qui souligne la nécessité de renforcer la gestion des selles dans la prévention et le contrôle de l'épidémie, en particulier pour les patients aux stades avancés de la maladie.
Ces résultats suggèrent que la réduction de la charge virale et le renforcement de la prise en charge à chaque stade de la maladie grave devraient contribuer à prévenir la propagation du virus.








