Cardiologie

Chirurgie bariatrique : diminution des infarctus et des évènements cardio-vasculaires

Chez les personnes obèses, une très large étude montre que la chirurgie bariatrique est associée à une diminution significative des infarctus du myocarde et d’autres évènements cardiovasculaires.

  • Tero Vesalainen/istock
  • 20 Mars 2020
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    Selon une étude sur près de 7 500 personnes obèses, la chirurgie bariatrique est associée, 11 ans après l'opération, à une diminution de près de 60% des infarctus du myocarde et des accidents cardiovasculaires, mortels et non mortels

    Cet effet est observé chez les 3 701 hommes et femmes qui ont subi une chirurgie bariatrique par rapport aux personnes qui n'en ont pas subi. L'étude est publiée dans le European Heart Journal.

    Réduction des infarctus du myocarde

    Au cours du suivi, 37 infarctus du myocarde ou accidents vasculaires cérébraux mortels ou non mortels ont été observé dans le groupe chirurgie bariatrique et 93 dans le groupe sans opération (HR=0.410, IC 95% 0.274–0.615 ; P < 0.001).

    Cela s'explique principalement par une réduction des infarctus du myocarde (HR=0,412, IC 95% 0,280-0,606 ; P < 0,001) et non des accidents ischémiques (HR=0,536, IC 95% 0,164-1,748 ; P = 0,301).

    Une réduction a également été observée dans les diagnostics d'insuffisance cardiaque incidente (HR=0,403, IC 95% 0,181-0,897 ; P = 0,026) et de mortalité (HR=0,254, IC 95% 0,183-0,353 ; P < 0,001).

    Moins d’insuffisance cardiaque

    Les patients qui ont eu une chirurgie bariatrique ont perdu beaucoup plus de poids (plus de 10 kg en moyenne), et un diabète de type 2 avait plus de chances de s'améliorer au point que les patients n'avaient plus besoin de traitement pour maintenir leur glycémie.

    Il y a eu une réduction de 60% des nouveaux diagnostics d'insuffisance cardiaque au cours du suivi, 22 dans le groupe de chirurgie bariatrique et 46 dans le groupe témoin, et les décès, toutes causes confondues, ont été de 80 % inférieurs chez les patients ayant subi une chirurgie bariatrique par rapport à ceux qui n'en ont pas subi : 45 contre 182 décès, respectivement.

    Une base de données nationale

    Les chercheurs de l'Imperial College de Londres (Royaume-Uni) ont analysé les données de la base de données de médecine générale Clinical Practice Research Datalink (CPRD), qui contient des informations sur plus de 11 millions de patients ayant eu 674 opérations au Royaume-Uni, depuis 1987.

    Ils ont extrait des données sur 3 701 patients qui avaient un indice de masse corporelle (IMC) de 35 kg/m2 ou plus, qui n'avaient pas eu d’infarctus de myocarde ou d'accident vasculaire cérébral au début de l'étude et qui avaient eu une chirurgie bariatrique. Ils les ont comparés à un groupe témoin de 3 701 patients appariés en termes d'âge, d'IMC et de sexe, mais qui n'avaient pas subi de chirurgie bariatrique.

    L'âge moyen (médian) était de 36 ans dans les deux groupes. L'IMC moyen (médian) avant l'opération était de 40,5 kg/m2 dans le groupe qui avait subi une opération bariatrique et de 40,3 kg/m2 dans le groupe qui n'en avait pas subi.

    Réduction importante

    Les résultats de cette étude montrent que la chirurgie bariatrique est associée à une réduction de 1,5% du risque absolu d’infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral. En pratique, cela veut dire qu’il faut faire une chirurgie bariatrique chez 62 obèses pour prévenir un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.

    Comme il s'agissait d'un groupe de patients jeunes, chez lesquels on s'attendrait à voir moins d’événements cardiovasculaire comme ceux-là que chez les patients plus âgés, cette réduction du risque absolu a des implications cliniques importantes. Les taux d'AVC ischémiques aigus sont similaires dans les deux groupes mais avec très peu d'événements enregistrés.

    Pas forcément de lien de causalité

    Il est important de souligner qu'il s'agit d'une étude rétrospective et qu'elle ne peut seulement montrer qu'il existe une association entre la chirurgie bariatrique et une réduction du risque d’infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux, et non que la chirurgie entraîne obligatoirement une réduction du risque. Des essais prospectifs de grande envergure sont nécessaires pour démontrer un éventuel lien de causalité. Néanmoins, la différence observée en matière d'événements cardiovasculaires est forte et elle indique que si un effet causal existe effectivement, sa taille peut être très importante.

    Il s'agit de la plus grande étude sur les patients obèses à ce jour, et les résultats sont susceptibles d'être généralisés en raison de la nature variée de la population britannique dans la base de données du CPRD.

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