Cardiologie

Valvulopathie : risque réellement majoré par l’hypertension artérielle

Un lien direct entre l’exposition à long terme à une pression artérielle élevée et l’augmentation du risque de maladie des valves cardiaques est désormais fermement établit.

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  • 12 Juillet 2019
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    L’hypertension artérielle (HTA) est une maladie silencieuse qui, du fait de l'hyperpression du sang sur la paroi des artères, expose à un risque majeur de lésions artérielles et d’accidents cardiovasculaires. En cause : la pression et l'onde de pouls, quand le sang est éjecté dans les artères, qui occasionne à terme une rigidification et un vieillissement prématuré des parois artérielles.

    L’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux et l’insuffisance rénale peuvent être causées par une hypertension, mais aussi, comme le révèle une nouvelle étude de randomisation mendélienne, publiée dans la revue JAMA Cardiology, des atteintes des valves cardiaques, aortiques et mitrales.

    Une forme de causalité établie

    "Quelques études antérieures suggéraient que l'hypertension artérielle était associée à un risque accru de valvulopathies cardiaques, mais on ne savait pas si les associations observées étaient causales", explique Milad Nazarzadeh, chercheur au George Institute for Global Health, au Royaume-Uni, et co-auteur de ces nouvelles recherches.

    "Cette étude de randomisation mendélienne (qui randomise les malades en fonction de niveau de pression artérielle génétiquement déterminé), qui complète nos travaux précédents, fournit la meilleure preuve à ce jour pour cette association causale et confirme que l'exposition à l'hypertension augmente considérablement les risques de maladie valvulaire majeure (y compris le rétrécissement aortique, l'insuffisance aortique et mitrale)."

    Un risque multiplié par trois

    Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé une méthode éliminant de nombreux biais, basée sur une randomisation des malades en fonction de leur niveau de pression artérielle génétiquement déterminé, appelée randomisation mendélienne : dès la naissance, nous avons tous des gènes connus pour être associés à un niveau donné de pression artérielle. Pour examiner l'association entre tension artérielle systolique et risque de maladies valvulaires majeures, les auteurs de l’étude ont analysé les données de la Biobank du Royaume-Uni : 329 237 hommes et femmes âgés de 40 à 96 ans au départ entre 2006 et 2010.

    Ils ont alors pu constater que 3 570 personnes (1,08 % de l’échantillon) ont reçu un diagnostic de cardiopathie valvulaire : 0,45% étaient concernés par le rétrécissement aortique, 0,19% par l'insuffisance aortique, et 0,53% par l'insuffisance mitrale. D’après les auteurs, chaque augmentation de 20 mmHg de la pression artérielle systolique équivaut environ à une multiplication par trois de la probabilité de développer un rétrécissement aortique. Ce schéma d'association a aussi été observé pour l'insuffisance aortique et l'insuffisance mitrale, les deux autres principales affections valvulaires cardiaques.

    Importance du contrôle de la PA

    Les patients souffrant d’une maladie des valves cardiaques peuvent présenter divers symptômes, parmi lesquels un rythme cardiaque irrégulier, des essoufflements, de la fatigue, des syncopes et des vertiges.

    Pour les chercheurs, ces résultats mettent en lumière l’importance de contrôler l’hypertension artérielle, et ce, le plus tôt possible, afin de limiter le temps pendant lequel les individus sont exposés à la maladie, afin de leur éviter des maladies valvaires. "Cette étude souligne que l'hypertension artérielle devrait être considérée comme un facteur de risque majeur, au même titre que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et autres maladies cardiovasculaires", affirme Milad Nazarzadeh.

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