Nutrition

Chirurgie bariatrique : la reprise de poids dépend surtout de facteurs de risque post-opératoires

La santé mentale et les habitudes alimentaires avant la chirurgie bariatrique ne sont finalement pas très utiles pour prévoir quels obèses auront le plus de difficulté à maintenir leur perte de poids après l'intervention.

  • Rostislav_Sedlacek/istock
  • 05 Avril 2019
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    Après la chirurgie bariatrique, les comportements alimentaires (manger au fast-food, manger même quand on n’a plus faim, manger en permanence et avoir des épisodes de boulimie) et la sédentarité (le temps passé à regarder la télévision, à jouer à des jeux vidéo et à utiliser un ordinateur) en post-opératoire sont une meilleure indication du risque de reprise du poids sur le long terme que les facteurs de risque pré-opératoire ou le régime et le comptage des calories e post-opératoire.

    Ces résultats sont issus de la plus importante étude à long terme visant à examiner les comportements et les caractéristiques des patients associés à la reprise de poids après une chirurgie bariatrique. L’étude est publiée dans les Annals of Surgery.

    La plus large étude

    Selon des travaux antérieurs, il existe une énorme variabilité entre les patients quant à la quantité de poids qui est repris après chirurgie bariatrique et le moment ou cette reprise de poids survient. Cela souligne la nécessité d’étude pour identifier les comportements liés à la reprise de poids et les actions préventives à mettre en place.

    King et ses collègues ont suivi 1 278 adultes qui ont subi une chirurgie bariatrique de type Roux-en-Y et dont le poids a été mesuré en moyenne 8,3 fois sur une période moyenne de 6,6 ans. Les participants avaient tous été inclus dans la Longitudinal Assessment of Bariatric Surgery-2 (LABS-2), une étude prospective et observationnelle menée dans un hôpital sur dix aux États-Unis, et financée par les National Institutes of Health.

    Nouveaux facteurs de risque

    Réduire les comportements sédentaires, éviter la nourriture de fast-food, s'attaquer aux comportements alimentaires problématiques (comme manger continuellement, manger alors qu'on est à satiété, avoir des épisodes boulimiques et faire des excès alimentaires), ainsi que promouvoir l'automesure du poids au moins une fois par semaine, sont tous des objectifs comportementaux positifs que l’étude a identifiés.

    En plus d'évaluer les comportements, les scientifiques ont également identifié les caractéristiques des patients associées à un regain de poids plus élevé. Les patients plus jeunes et ceux qui ont un œdème veineux accompagné d'ulcérations, des difficultés lors des activités physiques quotidiennes, comme le bain, l'habillement et la marche, ou des symptômes dépressifs post-opératoires ont pris plus de poids, ce qui suggère qu'ils pourraient justifier d'une surveillance accrue.

    Changement de paradigme

    Plusieurs comportements et caractéristiques que les cliniciens considéraient comme importants ne sont pas liés au gain de poids. Cette étude démontre donc la difficulté de prédire les résultats de la chirurgie bariatrique en fonction de critères préopératoires. Par exemple, alors que les symptômes dépressifs pendant la période post-opératoire sont liés au gain de poids, ceux diagnostiqués avant l'intervention ne le sont pas. De même, tous les comportements alimentaires ne sont pas utiles pour déterminer le risque de reprise de poids. Par exemple, alors que la fréquence de la consommation de nourriture de fast-food est associée à une reprise de poids plus importante, la fréquence des repas ou les repas au restaurant ne l’est pas.

    Intensifier la surveillance post-opératoire

    « La chirurgie bariatrique est le traitement le plus efficace contre l'obésité sévère. Il en résulte une réduction soutenue du poids et une rémission du diabète et des autres problèmes de santé en rapport avec l'obésité chez la majorité des patients », a déclaré l'auteur principal, le Pr Wendy King, professeur agrégé au Département d'épidémiologie de la santé publique de l’Université de Pittsburg. « Cependant, comme pour tous les types d'interventions de perte de poids, les patients reprennent habituellement au moins une partie du poids qu'ils ont perdu au début ».

    Ce qui est nouveau dans cette étude, c’est que nous savons désormais que la plupart des caractéristiques individuelles des patients avant l'intervention chirurgicale ne permettent pas d'identifier clairement ceux qui sont le plus à risque de reprendre du poids après l'intervention.

    Puisque ce sont certains critères, comportements et l’état mental en post-opératoires qui comptent vraiment, les médecins doivent s’astreindre à les rechercher en post-opératoire immédiat afin de mettre en place des actions ciblées et individualisées, préventives ou correctives.

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